1787 bandes dessinées étrangères (dont 1371 venues d’Asie et 253 des États-Unis) ont été traduites : un léger recul de 0,67% par rapport à l’an passé.
Avec des frais structurels moins coûteux, un contenu proche des préoccupations d’un public différent et impliqué, et une offre diversifiée, la bande dessinée asiatique domine toujours la production avec 1371 albums (contre 1418 en 2006), ce qui correspond à 528 séries traduites (contre 509 en 2006) : 1152 albums viennent du Japon (1110 en 2006), 130 de Corée (259 en 2006), 74 de Chine et de Hong Kong (41 en 2006), et 15 de Malaisie, Singapour, Taïwan, Thaïlande, et d’Inde (8 en 2007).
Notons que les nouveaux tomes des séries (32,3% des albums asiatiques traduits, contre 35,9% en 2006) se succèdent dans des délais très rapprochés : c’est l’une des principales causes de l’inflation de la production.
Il faut cependant remarquer que la croissance et le dynamisme des mangas - même s’il semble qu’une certaine stagnation commence à se produire- reste constant : 1 bande dessinée vendue sur 3 est toujours d’origine asiatique, et les mangas représentent encore 1/4 du chiffre d’affaires des éditeurs spécialisés. Cela ne se fait au détriment d’aucun des autres segments du marché : ceci s’expliquant par la fidélité de chaque lectorat.
Fait remarquable cette année, nous assistons à une augmentation des tentatives réalisées par des auteurs européens s’inspirant des différents codes graphiques et narratifs des mangas. Des éditeurs, tels Akiléos,
Ankama, Le Caméléon, Carabas, Delcourt, Les Humanoïdes associés, Pika ou Soleil en ont publié 57, en 2007.
D’un autre côté, chez Soleil (où un label Fusion Comics est en préparation, en association avec Panini), des graphistes asiatiques illustrent les scénarios d’auteurs francophones.
Ces essais (tirées au mieux à 30 000 ex.) sont encore loin de rivaliser avec les 9 principales vedettes qui assurent 50% des ventes du secteur ; mais, à l’instar des manhwas coréens (les plus gros tirages avoisinent les 30 000 ex.) et des manhuas chinois (7 000 ex.), ils ont réussi à fidéliser un public plus jeune et plus féminin que celui des traditionnels albums franco-belges.
Longtemps décriée, la bande dessinée japonaise a trouvé sa place dans le paysage culturel. Pour preuve : le succès du festival Japan Expo au Parc des expositions de Paris-Nord Villepinte (83 000 visiteurs en 3 jours, et la mise en avant de nombreuses récompenses éditoriales dont le Prix Asie-ACBD décerné à “Gen d’Hiroshima” de Keiji Nakazawa, aux éditions Vertige Graphic).
Par ailleurs, les rééditions des bandes dessinées venues d’Extrême-Orient sont de plus en plus nombreuses, atteignant, cette année, le chiffre de 138 (contre seulement 72 en 2006). Ainsi, de nombreux classiques, encore inédits en langue française, sont désormais aux catalogues des 40 éditeurs francophones publiant des bandes dessinées asiatiques (ils étaient 30 en 2006).
D’après Ipsos, sur la période janvier-mai 2007, 7 d’entre eux tiennent l’essentiel du marché des mangas traduits en français. Il s’agit de Kana (qui a fêté ces 10 ans et qui représente 33% du marché), de Glénat Mangas (25%), de Delcourt par l’intermédiaire d’Akata et de Tonkam (11%), de Pika (10%), de Kurokawa (7%), de Panini Manga (5%), et
de Soleil Mangas avec ses filiales SEEBD ou Iku comics (3%) : ces derniers ayant réalisé 94% des ventes de mangas en volume.
Ce qui veut dire que Akileos, Asuka, Imho, Ki-Oon, Le Lézard noir, Taïfu, Hentai Dojin, les labels asiatiques de Bamboo, Carabas, Casterman et Milan, Drakosia, Toki, Xiao Pan ou You-Feng (spécialistes de la BD chinoise), et les généralistes Actes Sud, Clair de Lune, Cornélius, L’Erudit, Paquet, Picquier, Seuil, Tête Rock, Vertige Graphic…, ne représentent, à eux tous, que 6% du marché !
Enfin, la passion du public pour les mangas (anime et bande dessinée) se retrouve sur les sites du Net parlant de leur centre d’intérêt (animeland.com, animint.com, mangagate.com, mangavore.net, manga-news.com, mangasanctuary.com, mangaverse.net, the-ryoweb.com, ou encore webotaku.com) -lesquels ont des fréquentations parfois bien supérieures à ceux de la bande dessinée classique, surtout s’ils proposent des inédits en ligne (souvent piratés
d’ailleurs)- ou dans les 15 essais qui leur ont été consacrés en 2007.
Comme les années précédentes, après le Japon, c’est les États-Unis qui restent les principaux pourvoyeurs de bandes dessinées : 253 en 2007, soit 7,64% des nouveautés, contre 239 et 7,48% en 2006.
Le leader de ce secteur est plus que jamais Panini, multinationale dont l’activité est en pleine expansion et qui possède, pour l’Europe, l’exclusivité des droits des comics Marvel (l’éditeur américain de “X-Men” et “Spider-Man” dont les tirages francophones sont de 55 000 ex. dans le meilleur des cas), DC (“Batman” et “Superman”), Wildstorm, ABC
et Vertigo.
Par ailleurs, on dénombre aussi 63 traductions italiennes (contre 54 en 2006), 24 espagnoles (contre 27 en 2006), 13 anglaises, 9 allemandes, 6 hollandaises, 5 argentines…, soit, au total, 1787 traductions (contre 1799 l’an passé) -venant de 26 pays différents-, c’est-à-dire 53,95% (56,3% en 2006) des nouveautés.
Notons enfin que la bande dessinée francophone s’exporte de mieux en mieux à l’étranger notamment grâce aux romans graphiques dont la forme (proche de celle des mangas) est beaucoup plus économique.



