Le Spirit T2 : Bombe à retardement (Darwyn Cooke) – Panini Comics

Publié le lundi 19 janvier 2009 par Lionel Dekanel. Mis à jour le 19 janvier 2009 à 09h59.

Suite des aventures du Spirit reprises par Darwyn Cooke, ce recueil regroupe les volumes 5 à 8 US. Et le moins que l’on puisse dire c’est que le justicier masqué de Central City continue d’en voir de toutes les couleurs.

Dans « Tête de pub » le Spirit a la désagréable surprise de voir son portrait affiché sur des boîtes de haricots au lard. Avouez que ce n’est peut-être pas le produit qu’on souhaiterait absolument promouvoir si toutefois on avait décidé de passer un contrat avec une quelconque régie publicitaire. Alors quand on sait pertinemment qu’on n’a rien signé de tel, on peut légitimement s’interroger sur les intentions de cet usurpateur d’image. Au terme d’une courte enquête il découvrira vite que cette idée est due à un nouveau méchant arrivé en ville depuis peu, le Charognard. Celui-ci a décidé de profiter de la médiatisation du Spirit pour recycler de vieilles rations alimentaires de l’armée russe. Mais le Charognard est probablement né sous une mauvaise étoile, fût-elle rouge, puisque, non seulement il va vite se retrouver avec un Spirit pas content sur le dos, mais il devra aussi subir les foudres d’un concurrent non prévu au planning, le Cosaque, encore un petit nouveau, qui ne souhaite rien moins que récupérer la petit entreprise du Charognard pour son propre compte. Bref, le Spirit va vite comprendre le parti qu’il pourra tirer de cette rivalité entre malfrats avant de coffrer tout ce petit monde.

L’histoire « Presque blue » se passe dans le monde du rock-business. Un groupe de filles, les Killer B’s, s’adjoint les services d’un jeune punk un peu paumé tombé sous le charme de Karen, la chanteuse du gang. Blue n’était guère plus qu’un loser et un musicien médiocre jusqu’à ce qu’il découvre une météorite récemment tombée non loin de Central City. Sous l’effet d’une pluie battante, et après s’être abrité sous la météorite, Blue se retrouve soudain recouvert d’une substance bleue qui suinte du rocher. Cette substance, outre le fait qu’elle s’imprègne dans la peau pour donner à cette dernière une belle teinte azurée, exacerbe également les talents de musicien de Blue qui devient dès lors un vrai petit génie de la portée. Malheureusement son psychisme ne suivra pas. Blue deviendra vite autodestructeur quand il s’apercevra que les autres ne peuvent pas atteindre à son génie. Comble de malheur, Blue et le groupe tomberont entre les pattes d’un producteur-manager véreux qui, dans un premier temps, les sèvrera de cette substance bleue, pour finir par la leur fournir sous forme d’un produit de synthèse qu’il est évidemment seul à pouvoir produire. Car le problème de la dite substance c’est qu’elle est fortement addictive. L’histoire se termine par la destruction du laboratoire de Rico, le producteur, par Blue lui-même, qui périra également dans l’incendie, entraînant Karen dans la mort. L’histoire de Blue n’est pas sans similitude avec celle de Kurt Cobain, musicien génial complètement anéanti par une gloire non désirée et qu’il ne pouvait pas assumer. La parabole est saisissante.

Ces 2 histoires, dont Darwyn Cooke est le seul scénariste-dessinateur, ont un petit côté cartoon fort agréable, visuellement parlant, qui dédramatise d’ailleurs un peu le côté sombre de « Presque Blue ». Le dessin est plaisant et bon enfant, les attitudes sont à la limite de l’exagération et ne sont pas sans rappeler le style d’Eisner lui-même.

Pour la troisième histoire, « Plus dure qu’un diamant », c’est Walter Simonson (Thor notamment) qui est au scénario, et Chris Sprouse (Tom Strong) et Karl Story qui sont au dessin. Ici le Spirit devra déjouer le plan de Krystil Fullerite, une jet-setteuse en vogue de Central City, plan devant lui permettre de doubler son cher et tendre, le mafioso Nukes, en détournant quelques diamants d’une valeur en dollars alignant les zéros comme la relève de la garde devant Buckingham Palace aligne les horse-guards. C’est déguisé en chauffeur de taxi que le héros mettra le couple d’accord, les envoyant chacun dans une prison séparée, histoire d’éviter les scènes de ménage à venir. Ici le dessin est plus réaliste que dans les 2 précédentes histoires, mais l’humour est toujours aussi dévastateur.

Dans « Synchronicity », le scénariste Jimmy Palmiotti (Daredevil) et le dessinateur Jordi Bernet (Spirou, Torpedo) décrivent, en quelques pages, la vie, pas si tranquille que ça, d’un immeuble dans lequel le Spirit fait irruption, à la poursuite d’un arnaqueur à la petit semaine. L’occasion de croquer quelques portraits plutôt attachants finalement.

Kyle Baker (Plastic Man) se charge des « Dangers du portable » (dessin et scénario), une histoire sombre et glauque dans laquelle Ellen, la femme du Spirit, vient elle-même sauver son mari tombé entre les griffes d’une tueuse psychopathe. Ces quelques pages sont plutôt en décalage par rapport à l’ambiance habituelle du personnage, mais assez proches de la vision qu’en a récemment donné Frank Miller au cinéma.

La dernière histoire, « Bombe à retardement », voit Darwyn Cooke revenir seul aux commandes. Au passage, l’auteur fait réapparaître un vilain récurrent du monde du Spirit, Octopus, qui vient de dérober un engin nucléaire, et on peut se douter qu’il n’a certainement pas l’intention de s’en servir à des fins civiles et encore moins humanitaires. Ce ne sera pas le seul revenant à se rappeler au bon souvenir du Spirit, puisque l’agent Satin, cette charmante agent de la CIA qu’on avait laissé pour morte dans le premier recueil (mais comme on n’avait pas retrouvé le corps on pouvait se douter qu’on la reverrait), tombe littéralement du ciel pour aider le justicier à mettre hors d’état de nuire le grand méchant Octopus. Et ils ne seront pas trop de 2 pour désamorcer l’engin appelé à détruire Central City. Le compte à rebours final n’est pas sans rappeler la fin de « Goldfinger », l’un des meilleurs films de la série des James Bond, au dénouement haletant. D’autant que le Spirit, dont la propension à faire gaffe sur gaffe dès qu’une jeune et belle femme est dans les parages, n’y coupe pas en appuyant sur le mauvais bouton, et en hypothéquant, de ce fait, l’espérance de vie du couple coincé dans le local de la bombe. C’est finalement l’agent Satin, avec un bon sens tout féminin, qui sauvera tout le monde. Dans cette histoire Darwyn Cooke est fidèle à la ligne de conduite qu’il s’est fixée en reprenant le personnage du Spirit, à savoir concocter un savant mélange d’action, de romance, d’aventure, de suspense et d’humour.

Le Spirit T2 : Bombe à retardement
Auteur : Darwyn Cooke, et quelques autres
Editeur : Panini Comics
144 pages
13 euros
Parution le 27 novembre 2008

Voir aussi : Le Spirit : Résurrection (Darwyn Cooke & Jeph Loeb) – Panini Comics

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