L’importance des grottes et mondes souterrains dans les aventures de Blake et Mortimer est certes bien connue, mais la preuve existerait maintenant qu’Edgar Pierre Jacobs, dans l’histoire L’Affaire du Collier, a emprunté l’idée des égouts de Paris à l’écrivain de polars contributeur du roman noir français : Léo Malet.
Vers la fin de L’Affaire du Collier, lorsque Olrik, traqué

par les policiers, entre dans un petit pavillon du parc Montsouris et disparaît dans les égouts, on peut avoir la certitude que Jacobs avait lu ce grand auteur qui a refait son apparition en librairie.
Malet écrivit la série des Nouveaux mystères de Paris au cours des années cinquante. Dans cette passionnante saga, le privé Nestor Burma était confronté à toute une série de crimes : 1 par arrondissement de la Capitale, une carte du quartier où se passait l’action accompagnant d’ailleurs chaque roman.
Dans Les rats de Montsouris justement (14ème arrondissement), une bande de cambrioleurs utilisait les égouts de Paris pour accéder aux caves des maisons et des villas qu’ils comptaient visiter.
Dans le roman, les souterrains ne jouent pas une très grande importance, cependant, dans les premières pages, une description a dû véritablement frapper Jacobs, description qui l’inspira vraisemblablement par la suite : "Un homme assez grand, vêtu d’une blouse blanche, suivait le chemin de ronde. Nous nous étions accompagnés mutuellement, nous ignorant l’un l’autre, lui au flanc de la pseudo-citadelle, moi environ quinze mètres au-dessus de lui, sur l’avenue Reille. Puis il avait disparu dans un kiosque qui devait donner accès aux humides galeries souterraines" (Léo Malet, Les enquêtes de Nestor Burma et les nouveaux mystères de Paris, tome 1 - Robert Laffont Collection Bouquins - Les rats de Montsouris, p. 854).
L’avenue Reille longe effectivement le parc de Montsouris qui, d’une certaine manière donnait (donne ?) accès aux égouts et aux catacombes de Paris. Et ainsi la similitude avec l’aventure de Jacobs est complète puisque ce dernier situe une bonne part de son action dans le quartier de Montsouris. Le kiosque figure d’ailleurs bien dans la bd. Cette petite découverte ne diminue bien sûr aucunement le talent de l’auteur de Blake et Mortimer, au contraire, c’est une preuve de sa minutie et de son souci professionnel.
Devant écrire un polar pur (le seul de son cycle de bd), il avait tout à fait naturellement consulté un expert du domaine.
Le roman de Malet est paru en 1955... L’histoire de Jacobs dix ans plus tard...
(Source : Guido Vogliotti qui travaille actuellement à une étude méthodique des souterrains dans l’œuvre de Jacobs).


Les anciennes vespasiennes se sont transformées en toilettes modernes payantes



