Où l’on apprend enfin d’où vient le super-héros le plus trash des X-Men. Tellement trash d’ailleurs qu’on se demande bien comment le Professeur Xavier a pu faire pour l’incorporer à une équipe qui tient plus d’une armée de paladins que d’une troupe de mercenaires en goguette. Les voies du comics sont parfois bien impénétrables.
Cet album de la collection « Marvel Deluxe » regroupe la mini série « Wolverine : Origin » de Paul Jenkins et Andy Kubert (duo de choc et de luxe, justement) et le récit « Origins and endings » de Daniel Way et Mark Texeira (une équipe peut-être moins prestigieuse mais tout aussi efficace dans les effets narratifs). Soit au total 11 épisodes (6 + 5), autant dire que vous en avez pour votre argent. D’autant que sont aussi reproduites toutes les couvertures originales de ces épisodes, avec une mention pour la beauté de celles de « Origin » dues à Joe Quesada, du grand art.
Dans « Wolverine : Origin » Jenkins et Kubert lèvent donc le voile sur l’origine des pouvoirs mutants de Logan. Des pouvoirs qui se déclenchent, comme souvent chez les super-héros, le jour où le jeune Logan vit une véritable tragédie avec la mort, dans un bain de sang, de ses parents. Une mort à laquelle il n’est d’ailleurs pas complètement étranger. Obligé de fuir toujours plus au nord du Canada, jusqu’au Yukon, avec Rose, la charmante jeune fille qui servait sa famille comme bonne à tout faire, Logan connaîtra une seconde « naissance » dans un paysage rude et sans pitié, au milieu d’hommes qui, comme lui, ont tous plus ou moins quelque passé trouble à fuir. Au milieu d’une nature profondément hostile, Logan deviendra petit à petit Wolverine, avec l’apprentissage de ses pouvoirs qui ne sont d’ailleurs pas sans rappeler la transformation que connaissent les lycanthropes, la seule différence, c’est que les loups-garous ne maîtrisent pas leur changement d’état, alors que Wolverine, lui, finira par contrôler l’apparition de ses griffes. Cette mini série se clôt sur une note aussi tragique que celle par laquelle elle avait débutée. Je n’en dirai pas plus, laissant la surprise à ceux qui n’auraient pas encore lu ce récit. Le scénario de Paul Jenkins (assisté de Bill Jemas et Joe Quesada) est d’ailleurs un petit bijou truffé de rebondissements, idéalement servi par le dessin très réaliste et expressif d’Andy Kubert qui rend à merveille la rude vie des pionniers canadiens de la fin du 19ème siècle.
Le second récit, « Origins and endings », met en scène un Wolverine qui cherche à tirer vengeance d’une autre tragédie. Il sera dit, décidément, que la vie de Logan ne sera qu’une suite de rendez-vous tragiques avec un destin peu avenant. Et quand on sait que Wolverine est virtuellement immortel, l’éternité risque d’être longue pour lui s’il vit régulièrement ce genre d’évènements qui rendraient fou n’importe qui. Tout part d’un fait anodin, Logan retrouve des souvenirs que le S.H.I.E.L.D. aussi bien que les X-Men avaient effacés de sa mémoire. Ces souvenirs remontent à une époque où Logan avait tenté de mettre un terme à sa vie de mutant sanguinaire et aux ordres du Professeur Xavier. Il avait alors rejoint une communauté d’anciens ninjas eux aussi retirés des affaires. Au bout de 5 ans il avait réussi à s’établir dans cette communauté, à y prendre femme, une épouse qui s’apprêtait à lui donner un enfant. Puis tout bascula avec l’assassinat de son épouse. Mais avant que Wolverine puisse se vanger de ce meurtre, le S.H.I.E.L.D. parvint à le retrouver et à lui retirer ce pénible souvenir de la mémoire. Plusieurs années plus tard, ces souvenirs remontent donc à la surface, et Wolverine cherche enfin à assouvir sa vengeance. Sur sa route, qui lui fera parcourir le monde, il croisera le Samouraï d’Argent, super-héros au service du gouvernement japonais, et, surtout, Bucky, l’ancien compagnon de Captain America, transformé en super-soldat par les services secrets soviétiques, et auteur du meurtre de l’épouse japonaise de Wolverine. Mais Bucky agissait sur ordre, ce qu’il révèlera à Logan après un combat au cours duquel aucun des 2 protagonistes ne pourra prendre l’avantage sur l’autre, leurs pouvoirs respectifs se neutralisant à chaque coup donné, et le récit se termine sur la révélation du véritable commanditaire de cet assassinat, que Wolverine pourchassera dans une autre aventure.
L’association de ces 2 récits dans un même volume est somme toute assez logique puisque, dans les 2 cas, Wolverine remonte le fil de ses souvenirs et de sa mémoire, qu’ils aient été occultés « volontairement » (comme peuvent l’être ceux de qui vit un épisode particulièrement douloureux de son existence, une perte de mémoire qui sert surtout de protection mentale « naturelle ») ou qu’on l’ait « aidé » à s’en débarrasser. Et comme toujours avec Wolverine, les 2 histoires sont l’occasion de brosser le portrait violent et enragé du mutant le plus indiscipliné des X-Men. Un Wolverine qui oscille toujours entre sa condition de victime du destin et celle de tueur froid et impitoyable (il ne fait pas bon être son ennemi). C’est cette dualité qui fait, évidemment, du personnage un cas à part dans l’univers Marvel.



