Les Ebroïciades 2003 de la BD

Les Ebroïciades 2003 de la BD

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La deuxième édition des Ebroïciades de la bd s’est tenue à Evreux (Eure) les 7 et 8 juin derniers. Ce salon consacré au 9ème art a eu un succès confirmant amplement celui de l’an passé, malgré ce grand week-end de pentecôte.

La très dynamique Lynda Ridel, présidente de la manifestation, en charge de l’organisation et de la mise en place de ces rencontres avec les membres de L’atelier de Zaza, en a également assuré l’animation avec brio et sans se départir de son habituel sourire. C’est toujours avec bonne humeur qu’elle s’est occupée de tout, étant partout à la fois, participant et entretenant même les différents débats, aussi bien avec les professionnels et amateurs qu’avec le public.

Parrainé par le dessinateur Michel-Paul Giroud, ce dernier a volontiers présenté une exposition de planches originales de ses héros, certains repris de son père dont le nom de plume était Eu Gire. Quel plaisir d’admirer Cap’tain Vir de Bor ou La pension Radicelle (un régal de loufoquerie paru dans le journal VAILLANT) ou encore Le gars lent Fierabras, Kam & Rah et bien d’autres.
Michel Giroud avait également repris le dessin d’Arthur le fantôme (créé par Cézard) dont il assura les gags pendant des années dans ARTHUR POCHE des éditions VAILLANT. Mais il a aussi créé ses propres personnages tels Guy Tarr le gentil trouvère ou Tonton Bola et a collaboré dans de nombreuses publications. Voulant réaliser des affiches (après les Arts déco) à un moment où la mode était à la photographie, il dut alors se replier sur des séries à la commande (humour, moyen-âge, western...). Payé à la tâche, il travailla pour PIF GADGET jusqu’en 1977, date à laquelle il est licencié pour n’avoir pas la carte du parti. Il collabora alors à MON JOURNAL jusqu’en 1990 avec entre autres Yankee, Cap’tain Vir de Bor, Toy, Petite Plume (et aussi Kiwi pour LUG) et on lui doit également la conception de couvertures de petits formats comme LANCELOT ou BRICK.

De gauche à droite : Cordoba, Philippe Mercier, Thierry Olivier, Michel Giroud. En premier plan : l’organisatrice Lynda Ridel.

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Exécuté en 2 temps, le déroulement de ce salon, bien apprécié des protagonistes, semble être maintenant acquis.

En effet, la journée du samedi était entièrement réservée aux dessinateurs amateurs souhaitant soumettre leur travail aux professionnels et leur demander conseils, avis, tuyaux et renseignements divers sur la façon ou la possibilité d’accéder à l’édition.

La matinée, un table ronde permettait des échanges fructueux entre les différents invités. Parmi les professionnels, outre Michel Giroud, étaient présents Thierry Olivier, Frédéric Bihel, Philippe Aymond, Jicka (dessinateur, désormais à la retraite, mais ayant repris Les pieds nickelés après Pellos), Philippe Mercier mais aussi Cordoba et Dahmani.

Ayant exposé leurs débuts et les difficultés à se frayer un chemin dans la jungle de l’édition, pour arriver finalement, pour certains, à la publication après un parcours semé d’embûches, ils ont répondu aux différentes sollicitations des amateurs présents.

Ces derniers, de parcours divers et d’âge différents (le plus jeune ayant 14 ans), s’inquiétaient principalement de savoir comment arriver à l’édition et aborder un éditeur. Les aspects juridiques du métier et le contrat avec l’éditeur ont été évoqués, cependant l’avis unanime de leurs aînés était toutefois de terminer d’abord leurs études scolaires avant de s’acheminer dans la voie difficile de la bd.

L’après midi, la table ronde laissa place à un exercice plus pratique. Les jeunes débutants soumettaient leurs oeuvres ou leurs planches déjà conçues à l’oeil critique et au regard acéré des professionnels avertis. Cette partie de l’échange ne pouvait être que plus profitable puisque les conseils et remarques étaient prodigués avec la plus grande liberté, sans sévérité aucune mais plutôt sur l’orientation constructive vers ce qu’il fallait faire ou ce qui n’allait pas.

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La journée du dimanche, par contre, accueillait un public finalement assez nombreux pour un week-end de Pentecôte, se déroulant en jeux, quizz, fresques d’auteurs, dessins sur des thèmes variés, joutes diverses entre dessinateurs.
Bien sûr les nombreuses discussions entre passionnés et auteurs et les habituelles séances de dédicaces se sont étalées toute la journée sans discontinuer.

Mais passons en revue les professionnels présents qui avaient bien voulu participer à ces journées (page suivante) :


Les participants :

Fred Coconut (Fou d’amour), humoriste.

Frédéric Bihel, édité chez Glénat, dessinateur de Malienda et Les héritiers du soleil.

Philippe Aymond édité quant à lui chez Dargaud, dessinateur de la série Apocalypse Mania et de 4 x 4.

Philippe Mercier, illustrateur, au trait axé sur le cycle et la moto.

Lounis Dahmani, jeune auteur parisien présentant son livre Algérie, humour au temps du terrorisme.

Cordoba, infatigable parleur, toujours en mouvements et en gestes, ne tenant pas en place, discutant sans arrêt tout en dessinant, présentait son album Fallait pas faire les cons édité chez SEMIC.

Thierry Olivier, auteur de très grand talent. Je dis auteur car j’ai eu l’occasion de voir son press-book comportant nombres d’histoires de son cru, avec un style qui lui est propre. Les amateurs de PF connaissent déjà Thierry puisque il a officié chez SEMIC, dans SPECIAL ZEMBLA n°169 à 171 où il a narré et mis en images Zembla et la trahison de Radak ainsi qu’un "one shot" dans SPECIAL ZEMBLA n°172, A chat perché, histoire courte mais surprenante par sa chute finale, comme il aime tant en concocter. Sa prochaine histoire pour SEMIC, intitulée Là-haut sur la montagne est du même acabit et nous laisse ébahi. Jeune dessinateur, à l’excellente facture, son style se reconnaît du premier coup d’oeil. Marqué par le fantastique à la EC Comics des années 50, à la Creepy et autres stories du même style dans la tradition Warren, son trait est précis et nous conduit dans un univers des plus inquiétants, des plus angoissants. D’ailleurs, ne doit-il pas réaliser bientôt une histoire scénarisée par François Corteggiani ?

Mais Thierry Olivier gagne aussi à être connu. Perpétuellement jovial et de bonne humeur, toujours un mot sympathique ou une plaisanterie à la bouche, il a également son style bien à lui, légèrement rocker, blouson et santiag, un look à la Renaud, auquel il fait penser dès qu’on le voit. A noter qu’il était en outre le parrain des amateurs de ce salon 2003 et dédicaçait à tour de bras des "Zembla". Sans omettre le fait qu’une partie de l’exposition lui était consacrée, étalant ses diverses réalisations.

- Je passerai sur votre serviteur et son livre sur Devi (Le mystère Devi ...dévoilé), mais qui présentait aussi le fanzine PIMPF dédié aux petits formats. Des curieux se sont toutefois approchés, posant quelques questions sur ce magazine.

Jean-Paul Vomorin, présentant sa série en bd Les observateurs de la terre consacrée à la planète et son évolution (éditions BRGM à Orléans) mais qui fut particulièrement remarqué en tant que caricaturiste.

En effet, doté d’un incontestable et immense talent, il croquait, au public qui le souhaitait, le portrait de tel ou tel. D’un trait d’un précision diabolique, il fixait sur le papier les visages consentants et hilares, mettant en exergue (quitte à les accentuer selon le cas) les traits les plus révélateurs de la physionomie du badaud ébahi se prêtant volontiers à cet exercice. De plus, doué d’une grande psychologie, Jean-Paul avait également cet immense qualité (ou subtilité) de prendre le temps de placer et positionner la personne, de discuter avec elle, de la dérider parfois par quelque pointe d’humour, de la flatter, tout ceci pour la mettre en confiance mais aussi pour déterminer son caractère, sa personalité dominante, apparente et ainsi en distinguer la physionomie marquante.

Et de facto, suivant le modèle, les traits pouvaient être fortement accentués ou beaucoup plus doux. Pour certains il n’hésitait pas à mettre exagérement en valeur les particularités de l’individu, accroissant un appendice nasal ou auditif et pour d’autres, les sentant peut-être plus vulnérables, il se contentait de reprendre les traits sans vraiment les exagérer outre mesure. A titre d’exemple, autant il caricatura au sens propre du terme un adolescent sûr de lui, au look de rasta, autant il fut d’une gentillesse exquise avec une petite fille qui ne savait pas trop ce qu’était une caricature, pensant qu’il s’agissait plutôt d’un portrait.

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Basé à Orléans, valant largement des Morchoisne ou Mulatier, il a suscité une bonne part de l’attraction de la journée. Bravo Jean-Paul.

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Voilà donc des rencontres qui se sont parfaitement déroulées et qui semblaient donner le là à celles qui auront lieu dans les années à venir, je l’espère fortement.

Professionnels et amateurs étaient satisfaits, les divers échanges, appréciés par tous, le public somme toute assez nombreux. Que désirer de plus.

Bref, longue vie au salon, meilleurs voeux aux Ebroiciades et aussi à Lynda Ridel, la présidente et organisatrice qui tenait à bout de bras ce salon qu’elle a porté jusqu’à terme sans faillir.


Quelques photos de la manifestation :

Cordoba, Dahmani, Philippe Aymond, Michel Giroud

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Dahmani, Thierry Olivier, Philippe Mercier, Cordoba

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Un animateur, Cordoba

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Cordoba, Thierry Olivier

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Michel Giroud, Mme Giroud, Philippe Mercier

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Thierry Olivier, Cordoba

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3 amateurs, Thierry Olivier, Jean-Paul Vomorin, Philippe Mercier

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Thierry Olivier, Jean-Paul Vomorin, Philippe Mercier

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Cordoba, Dahmani, Philippe Aymond, Michel Giroud

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un amateur, Michel Giroud

Publié le lundi 16 juin 2003 par Jean-Yves Guerre. Mis à jour le 16 juin 2003 à 11h26.
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