Chronique Deadline (Laurent-Frédéric Bollée/Christian Rossi) – Glénat

Chronique Deadline (Laurent-Frédéric Bollée/Christian Rossi) – Glénat

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« Tu vois la rambarde, là, qui forme une ligne ?
Ça, mon pote, c’est la deadline ! Le doigt de Dieu... »

Camp d’Anderson, Géorgie, août 1864. Dans cette gigantesque prison à ciel ouvert, alors que la guerre de Sécession fait rage, le monde se divise en deux catégories : les geôliers sudistes et les captifs nordistes.
Entre les deux, la deadline. Le prisonnier qui franchit cette ligne gagne un aller simple pour l’enfer. Parmi eux, un soldat noir au calme insolent, le regard fier, intrigue le jeune confédéré Louis Paugham, affecté à la surveillance du camp...

L’histoire s’ouvre sur le meurtre de John C. Lester, l’un des fondateurs du Ku Klux Klan. Quel est le rapport avec Louis Paugham, notre personnage principal ? Il à servi à la fin de la guerre de Sécession dans un régiment où figurait Lester, que l’on retrouve quelques mois plus tard à la création du KKK. Et s’il avait été le témoin d’un fait qui allait justement mener à cette création ? C’est aussi l’idée de cet album, qui va dès lors s’écouler sur plusieurs décennies avant que Lester ne soit enfin rattrapé par son destin...
Par le jeu de Flash-back, on en apprend plus sur la personnalité de Louis Paugham, notamment à travers Philip Paugham son père adoptif. Prêcheur de l’abolition de l’esclavage et petit éditeur d’une revue idéologique, il refuse à son enfant la liberté qu’il imagine pour les autres.
Le troisième axe de cette histoire et non des moindres s’articule autour du prisonnier noir. Cet homme inconnu, plein de charisme reste un mystère ! Louis éprouve pour lui un amour inconditionnel et sans limites. Ce scénario sur fond d’homosexualité ne peut pas s’affranchir de l’excellent film de Ang Lee, « Le Secret de Brokeback Mountain ».

Coté dessin, un nouvel album de Monsieur Rossi est un événement. Une fois de plus, il arrive « encore » à me surprendre ! De magnifiques personnages charismatiques, un cadrage efficace et des couleurs directes sublimes. Christian Rossi utilise tout l’éventail de son talent pour faire sentir au lecteur l’ambiance qui règne dans cet album.

En conclusion, un scénario aux multiples thématiques, traitées un peu rapidement, qui aurait surement mérité deux tomes pour se développer, ne serais-ce que pour se régaler du graphisme.

Publié le mardi 14 janvier 2014 par Arnaud Lamy. Mis à jour le 14 janvier 2014 à 09h30.
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