Un comics érotique du créateur de Superman réapparaît

Publié le jeudi 8 janvier 2009 par Thomas Clément. Mis à jour le 8 janvier 2009 à 13h21.

C’est en 1938 que l’éditeur Detective Comics, ancêtre de D.C. Comics, publie pour la première fois le personnage de Superman. Vendue à l’éditeur par Joe Shuster et Jerry Siegel pour 130 dollars de l’époque, cette franchise s’avère être la plus rentable de toute l’histoire des comics. Les deux pères du plus fameux Kryptonien, s’estimant floués à juste titre, intentent alors un premier procès en 1947 afin d’obtenir une partie des revenus du personnages.

Peine et procès perdus, puisque la justice estime alors que Superman appartient en totalité à D.C. Comics. Pire encore, Joe Shuster et Jerry Siegel voient alors leurs noms figurer sur la liste noire des éditeurs. Du jour au lendemain, ils se retrouvent mis au ban de l’ensemble de la communauté, contraints d’accepter les rares petits boulots qu’on leur propose. Il faudra attendre les années 70 et la pression des lecteurs et de certains auteurs (Neal Adams fut particulièrement actif dans cette affaire) pour qu’un revenu de 20 000 dollars annuels soit finalement alloué aux deux créateurs, en reconnaissance de leur rôle historique.

Durant sa période de disgrâce, Joe Shuster, pour une fois séparé de son compère Jerry Siegel, avait commis quelques bandes érotiques publiées dans la revue Nights of Horror, un magazine vendu sous le comptoir dans les sex-shops de Times Square. On pensait que ces bandes étaient irrémédiablement perdues, mais Craig Yoe est parvenu à les retrouver. Ce sont ces bandes qui sont compilées dans Secret Identity : The Fetish Art of "Superman’s" Co-creator Joe Shuster, disponible chez l’éditeur Harry N. Abrams en langue anglaise à partir du mois d’avril 2009.

Ces planches, dessinées sous le pseudonyme de JOSH (pour Joseph Shuster), sont évidemment réservées à un public amateur d’érotisme. Les personnages représentés rappellent fortement Clark Kent, Lois Lane, Jimmy Olsen ou Lex Luthor dans des situations nettement plus ambigües que les personnages originaux. Comme si Joe Shuster s’auto-parodiait, pervertissant sa création par vengeance.

L’ouvrage de 160 pages, qui bénéficie d’une introduction de Stan Lee lui-même, possède lui-même un grand intérêt historique. Joe Shuster y décrit les exactions des Brooklyn Thrill Killers, une bande de voyous néo-nazis particulièrement violents et pervers. Un groupe de délinquants qui a réellement existé dans l’Amérique des années cinquante, et qui fut même auditionné par le malheureusement trop fameux Dr. Frederic Wertham dans sa croisade contre les comics. La boucle est bouclée, et Joe Shuster, même contraint de travailler à visage couvert, parvenait tout de même à faire un joli pied de nez à ses détracteurs.

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