Soeur Marie-Thérèse T6 : La Guère Sainte (Maëster) - Drugstore
Comme on l’avait appris dans le tome 5, Sœur Marie-Thérèse (ex des Batignolles) vient d’être mutée dans une nouvelle congrégation, l’abbaye Notre-Dame de Pic, en Bourgogne. Ce qui, avouons-le, n’est pas bien malin de le part des autorités religieuses, l’abbaye étant située en plein cœur des vignobles de la région de Beaune. Du coup (si je puis m’exprimer ainsi) notre bonne (enfin, bonne, façon de parler) sœur n’a pas loin à aller pour s’en jeter un petit derrière le gosier dans ses (rares) moments de déprime.
Ce qui va bientôt lui arriver. Car figurez-vous qu’on vient de tuer Jésus ! Non, pas le hippie non violent… Enfin si, lui aussi est mort, mais ça ne compte plus, c’était il y a longtemps, et Sœur Marie-Thérèse n’a pas eu le temps d’essayer de le faire succomber à ses charmes. Non, ce Jésus-là était le jardinier noir de l’abbaye, cible évidemment des poussées d’hormones chroniques de notre soeurette préférée. Sans succès jusque-là, mais Marie-Thé est tenace et ce n’était qu’une question de jours qu’il lui tombe dans les bras, forcément.

Sauf que voilà, un groupe de chasseurs bas du front (qui a dit pléonasme ?) fait irruption dans l’abbaye, à la recherche d’un pédophile qui s’en est pris à quelques-uns des bambins du village dernièrement. Et que ceux qui pourraient penser que le curé qui a précédé les chasseurs dans l’enceinte de l’abbaye de quelques minutes seulement, essoufflé comme s’il avait le diable à ses trousses, puisse être la cible des chasseurs récitent illico 2 paters et 3 aves. Un prêtre, vous n’y pensez pas sérieusement ?
Les enfants ayant décrit un homme en noir comme étant leur agresseur, les chasseurs, à l’intellect hypertrophié par la consanguinité et l’abus du gros rouge qui tâche, lynchent derechef le jardinier (il est bien noir, non ?) avant que Sœur Marie-Thérèse ne puisse s’interposer.
Mais notre héroïne, son intellect à elle, il fonctionne à plein régime, et il ne lui faut guère plus de quelques secondes pour comprendre la situation et ouvrir alors la boîte à taloches. Et les chasseurs vont en profiter pleinement… Quant au curé, c’est le 44 fillette dûment enrobé de rangers réglementaires qui devrait lui passer l’envie, pour quelques temps, de se laisser mener par le bout de la (bip).
Ceci étant, et le ménage ayant été fait du grenier à la cave (cave où notre curé retrouve quelques joyeux compagnons, les petits Oussama, Augusto et Adolf), Sœur Marie-Thérèse est néanmoins obligée de se rendre à l’évidence : Jésus est bel et bien mort ! Aussi, après les torgnoles préventives dans l’enceinte de l’abbaye, décide-t-elle de se remettre en chasse après les chasseurs, et de les traquer jusqu’au cœur de leur repaire, au village même… Où elle découvre que les lyncheurs ne sont autres que les notables locaux (chef de la police, juge, maire, etc…), ce qui, vous vous en doutez, n’arrête pas notre justicière dans son œuvre de salut public.
Ensuite de quoi elle poursuivra ses activités spirituelles habituelles (comme vaincre un vampire ou un apprenti maître du monde, rien que de très banal quoi), jusqu’à l’accident bête qui, après qu’elle se soit par inadvertance retrouvée sous le poing d’un clone de Hulk, la verra rencontrer son Créateur… qui devra lui ré-expliquer quelques points de détail liturgiques avant de la renvoyer sur Terre finir de mener à bien la mission qu’il avait prévu pour elle (je vous avais dit qu’il ne s’agissait que d’un accident de parcours).
Dans ce 6ème volume Maëster continue son œuvre de dénonciation des travers de l’humanité (et y a du boulot), le parti pris de l’humour ne devant surtout pas faire oublier qu’il touche là à des phénomènes qui, eux, ne sont pas franchement drôles (pédophilie, justice sommaire, impunité sociale ou abus de pouvoirs divers et variés). Sœur Marie-Thérèse, avec son bon sens et son pragmatisme terre à terre, s’affichant comme l’archétype du citoyen lambda usant des moyens à sa portée pour tenter de surnager dans un monde où il y a parfois beaucoup plus de prédateurs qu’on ne le souhaiterait.
Comme d’habitude, le dessin expressif de Maëster souligne pertinemment son propos, et chaque vignette, ou presque, est l’occasion de faire apparaître des « invités » aussi inattendus que de bon aloi, ce qui a aussi le don de dédramatiser des situations parfois plus que tendues. A noter qu’il s’agit du premier album en couleurs de Sœur Marie-Thérèse, non pas que ça change grand-chose sur le fond, mais ça permet une meilleure lisibilité générale, le dessin de Maëster, souvent très fouillé et touffu, ayant tendance à pâtir de la confusion liée au noir et blanc.
Soeur Marie-Thérèse T6 : La Guère Sainte
Auteur : Maëster
Editeur : Drugstore
48 pages
12,50 euros
Parution le 29 octobre 2008




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