Je tuerai encore Billy the Kid (John Rauch, Caroline Delabie, Christiano Cucina & Ricardo Burchielli) - Clair de Lune

Publié le mercredi 3 décembre 2008 par Lionel Dekanel. Mis à jour le 3 décembre 2008 à 14h44.

Fort Sumner, Nouveau-Mexique, 14 juillet 1881, le shériff Pat Garrett abat William Bonney, alias Billy The Kid, qu’il poursuit depuis 2 mois, depuis que ce dernier s’est échappé du tribunal de Lincoln où il attendait d’être pendu, non sans avoir, au passage, abattu lui-même 2 adjoints de Garrett. Les véritables circonstances de la mort de Billy The Kid sont obscures, la version la plus couramment admise voulant que Garrett ait pénétré dans la chambre qu’occupait le Kid chez son ami Pete Maxwell, au petit matin, et qu’il l’aurait abattu alors que Bonney, réveillé en sursaut par cette intrusion, n’aurait eu que le temps de demander « Quien es ? Quien es ? » (« Qui est là ? » en espagnol, langue aussi couramment parlée que l’anglais dans cet état proche du Mexique), sans avoir l’opportunité de saisir son arme. 2 balles tirées dans la pénombre de la chambre, dont une dans le cœur, auraient suffi à Pat Garrett pour mettre définitivement hors d’état de nuire Billy The Kid qui n’avait pas encore atteint son 22ème anniversaire. D’autres sources prétendront que Garrett a abattu le Kid dans le dos. En l’absence de témoins seuls les 2 protagonistes connaissent la vérité, mais l’un ne peut plus rien raconter, et l’autre, déjà peu expansif de nature, se révèle encore moins loquace que d’habitude quant au déroulé de l’événement.

Bref, le comté de Lincoln, Nouveau-Mexique, a retrouvé sa tranquillité, John Chisum, l’un des plus gros éleveurs de l’état, s’étant définitivement débarrassé de ceux qui l’empêchaient de prospérer tranquillement (Lawrence Murphy, un éleveur qui lui faisait un peu trop d’ombre, John Dolan, l’homme d’affaires de ce dernier, et William Brady, shériff à la solde de Murphy), le tout sous la neutralité assez pleutre du gouverneur de l’état, Lew Wallace (accessoirement il est aussi l’auteur du roman « Ben-Hur »), qui préfère ne pas se mouiller dans l’affaire et laisser tout ce petit monde laver son linge sale en « famille ».

La tranquillité ? Oui, certes, mais pas pour longtemps… Car Billy The Kid est de retour ! Et il n’est pas content, il en veut un tantinet à son ancien « ami » Pat Garrett. Notez bien qu’on peut raisonnablement le comprendre. Mais, me direz-vous, Garrett n’avait-il pas tué le Kid il y a quelque mois de cela ? Tout à fait vous répondrai-je. D’ailleurs, malgré son retour sous les feux de l’actualité, avant ceux des fusillades qui ne vont pas manquer de venir troubler la quiétude ambiante, Billy The Kid est toujours bel et bien mort… Ou plutôt mort-vivant ! Et devinez quoi ? Il n’est pas tout seul à réapparaître dans cet état de semi-décomposition.

Sans qu’on sache vraiment ce qui s’est passé, les morts ressortent de terre, et pas qu’au Nouveau-Mexique. Des informations prétendent que, quelque part dans les Grandes Plaines, le 7ème de cavalerie, avec George Armstrong Custer à sa tête, est reparti à la chasse aux tribus indiennes, massacrant de plus belle femmes, enfants et vieillards comme il savait si bien le faire de son vivant. A Deadwood, Dakota du Sud, Wild Bill Hickock aurait repris sa place à la table de poker du Number 10, là où Jack McCall l’avait abattu dans le dos plus de 15 ans auparavant. Bref, c’est la panade.

Surtout que tous ces morts-vivants, s’ils ont probablement des qualités (certains hommes d’affaire peu scrupuleux voient déjà le profit qu’ils pourraient tirer de tels travailleurs qui n’ont nul besoin de repos) ont quand même aussi quelques défauts. Je passerai sur leur odeur corporelle légèrement prononcée, finalement pas si dérangeante sous ces latitudes et à cette époque où un bain représente un luxe que peu de personnes peuvent, ou veulent, s’offrir, pour insister sur les 2 principaux. Primo ils sont très difficiles quant à leur nourriture, ne se sustentant que sur des humains, si possible bien vivants, eux, ce qui, évidemment, n’est guère prisé de ceux qui n’ont pas encore connu les joies de la mort. Secundo, étant déjà morts, il est très ardu de les tuer une seconde fois, la seule solution étant de leur coller une balle dans la tête, ailleurs ça ne sert à rien, il n’y a plus d’organe vital.

Pour certains spécimens j’ajouterai une troisième difficulté, l’intelligence. Si la plupart des zombies qui parcourent le Nouveau-Mexique sont lents et bêtes comme des limaces anémiques, ceux qui sont revenus à la non-vie peu de temps après leur mort n’ont pas eu le temps de voir leur cerveau se détériorer dans la tombe et ont donc gardé toutes leurs facultés intellectuelles… Ce qui est le cas de Billy The Kid. Du coup, celui qui était déjà un leader naturel dans sa vie d’avant, se retrouve à la tête d’une véritable petite armée de morts-vivants.

Et c’est donc ce nouvel affrontement entre les 2 vieux ennemis, Pat Garrett et Billy The Kid, qui est raconté par l’équipe italienne dans une histoire en 8 parties. Je vous laisse imaginer le parti que les auteurs et les dessinateurs ont pu tirer d’un tel synopsis. Le récit fait évidemment la part belle à l’action et au fantastique, avec un zeste d’érotisme (fumetti oblige) qui revient au passage sur la prétendue rivalité amoureuse qui aurait existé entre Garrett et le Kid (historiquement rien ne vient l’étayer, ce qui ne prouve cependant pas qu’elle n’ait pas réellement pourri l’amitié des 2 hommes à un moment quelconque, le doute est en tout cas pain béni pour les auteurs ayant écrit sur le sujet), et des rebondissements parfois inattendus, jusqu’à la conclusion, certes un peu téléphonée, mais fort bien amenée et décrite. Au passage l’équipe s’est fait plaisir avec de nombreux clins d’œil cinématographiques, au western-spaghetti bien sûr (une belle galerie de portraits digne de Sergio Leone dans les personnages secondaires, voire tertiaires), mais aussi à ce grand classique de Victor McLaglen, « Chisum », qui narrait la guerre du comté de Lincoln, le John Chisum dessiné ici ayant les traits de John Wayne, qui incarnait le célèbre éleveur dans le film sus-cité.

Le western est l’un des sujets favoris des fumetti italiens aussi n’y a-t-il rien d’étonnant à voir l’affrontement entre Pat Garrett et Billy The Kid à nouveau à l’honneur dans cet album. Un album au format inhabituel (15x21, couverture souple, fidèle en cela au standard de la BD populaire italienne) pour un public plus familier du grand format cartonné.

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