Décès d’Alain Resnais

Publié le dimanche 2 mars 2014 par Thomas Clément. Mis à jour le 2 mars 2014 à 13h46.

Selon son producteur Jean-Louis Livi, le réalisateur Alain Resnais est mort ce samedi 1er mars à l’âge de 91 ans. Cinéaste talentueux et reconnu (il détient à ce jour le record des nominations au César du meilleur réalisateur et reçu dès 1950 un Oscar à Hollywood pour son court-métrage Van Gogh), Alain Resnais fut également l’une des chevilles ouvrières dans la reconnaissance de la bande dessinée en tant que Neuvième Art.

A la suite d’un article de Pierre Strinati intitulé "Bandes Dessinées et science-fiction - L’âge d’or en France (1934-1940)" et publié dans le numéro 92 du mensuel Fiction (juillet 1961), il s’engage activement, en compagnie du critique, journaliste et écrivain Francis Lacassin dans la création du Club des Bandes Dessinée (CBD) en mars 1962. En tant que vice-président fondateur de cette association, il participe à la création dès le mois de juillet suivant de la revue Giff-Wiff, considérée comme le tout premier fanzine français consacré à la bande dessinée, avec des rééditions de bandes classiques en compagnie d’articles érudits. En 1964, il prendra également part à la création du CELEG (Centre d’Etude des Littératures d’Expression Graphique), qui reprend la publication de la revue.

Toute la mémoire du monde (1956)

Collaborateur régulier de Giff-Wiff, Alain Resnais ne cloisonne pas ses activités et multiplie les clins d’oeils vers la bande dessinée dans son oeuvre cinématographique. Ainsi, dans Toute la mémoire du monde, un documentaire sur la Bibliothèque Nationale scénarisé par Rémo Forlani, le réalisateur ne résiste pas à l’envie de filmer des revues illustrées pendant quelques secondes. En 1956, on peut imaginer le désarroi des esprits éclairés face à la présence de Brick Bradford et Mandrake en compagnie des vraies oeuvres littéraires.

Ce même magicien Mandrake, qu’il s’amuse à faire apparaître dans ses films, sera longtemps dans les projets d’adaptations d’Alain Resnais, tout comme Le Fantôme du Bengale, un point commun avec Federico Fellini. Mais il est de la partie lorsqu’il s’agit de réaliser L’An 01 en 1973 d’après l’oeuvre de Gébé, avec un casting regroupant la bande du magazine Hara-Kiri de l’époque et celle du théâtre du Splendid, en compagnie de Marcel Gotlib, Lee Falk, justement le créateur de ses deux séries fétiches, et du jeune Stan Lee, pas encore habitué aux cameos.

Gérard Depardieu - I want to go home ! (1989)

Celui qui a failli adapter L’Île noire au cinéma traitera également, de manière ironique, le milieu de la bande dessinée avec I want to go home ! en 1989. Plutôt mal accueillie par la critique et le public à sa sortie, cette comédie scénarisée par le cartooniste Jules Feiffer conte avec humour les déboires d’un dessinateur américain invité à Paris. Le personnage de Christian Gauthier (Gérard Depardieu), un brillant universitaire qui se mue en fan absolu lorsqu’il est en présence de son auteur favori, était pourtant bien vu.

Toute l’équipe de Bande Dessinée Info ne peut que saluer la mémoire d’un grand homme des Septième et Neuvième Arts et s’associer à la tristesse de ses proches.

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