Couleur de peau : Miel

Publié le mardi 5 juin 2012 par Philippe Tran. Mis à jour le 5 juin 2012 à 21h07.

Ils sont deux cent mille adoptés, disséminés à travers le monde depuis la fin de la guerre de Corée. L’un d’entre eux s’appelle Jung. D’abord une BD (Editions Quadrants/Soleil-Delcourt) parue en 2007, Couleur de Peau Miel est une oeuvre autobiographique d’un jeune coréen adopté par une famille wallonne, loin de chez lui.

Jung grandit dans une famille Belge bienveillante, au milieu de ses quatre frères et soeurs européens. Il fait sa place dans ce petit monde malgré des facteurs qui le rappellent sans cesse qu’il a été adopté : la belle maman, sa mère adoptive, l’école, les autres enfants coréens adoptés... au point qu’il se crée sa propre identité (japonaise) pour mieux s’accepter. Le film renvoie le récit subjectif d’un jeune garçon heureux mais perturbé par son identité... à un homme adulte qui cherche des traces de son passé, avec pour seul indice son dossier d’adoption. A travers son intégration dans la famille, dans la société, à travers les conflits avec sa mère adoptive qui semble le rejeter et ses interrogations sur sa mère biologique, l’histoire de Jung représente toute une génération de Coréens déracinés par la guerre et la pauvreté, mais c’est aussi un hommage à tous les enfants adoptés dont les besoins complexes, requièrent une attention particulière...

Jung sur la partie visuelle et Laurent Boileau, réalisateur venu du documentaire, réussissent un travail de composition remarquable.
D’abord, sur le plan technique, la combinaison d’animation 2D et 3D, est un régal pour les yeux, accompagnée d’une bande son mélancolique de Siegfried Canto et de Little Comet (qui n’est autre que la petite fille de Jung). Puis le scénario, intelligent, aborde de manière fluide le thème de l’abandon, du déracinement, du fantasme, de la quête d’identité et du deuil. Jung livre clairement une auto-analyse pleine de subtilité et de pudeur, sans jamais verser dans le larmoyant, un exercice pas forcément facile quand il s’agit de soi. Enfin, les réalisateurs optent pour un montage alterné entre images animées et prise de vue réelle, mélangeant deux périodes d’une vie (Jung jeune et adulte) pour construire un récit onirique entre souvenirs et réalité. Couleur de peau : Miel est un film sincère, décalé, maîtrisé et marquant, en un mot : culte.

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