Rencontre avec Florent Maudoux (Freak’s Squeele)

Publié le vendredi 6 mars 2009 par Thomas Clément. Mis à jour le 6 mars 2009 à 11h17.

La question brûle les lèvres des nombreux lecteurs du premier tome de votre série "Freak Squeele" : Que va-t-il se passer dans le second tome ?

Florent Maudoux : Les élèves vont être confronté à une épreuve incroyable qui va capter toute leur énergie et leur attention. Un peu comme des étudiants qui sont tellement absorbés par leurs cursus qu’ils en oublient l’essentiel.

On va aussi en apprendre beaucoup plus sur certains les personnages. Les éléments disséminés dans le premier tome commencent à prendre place pour qu’on puisse avoir une véritable explosion dans le tome 3.

Evidemment il y aura toujours une grande part d’action et de délires qui caractérisent ma série.

Chacun des personnages possède sa part de secret : Ombre par exemple, est resté coincé dans sa forme canine. Vous allez donc développer tout cela ?

Florent Maudoux : Oui, on va en apprendre beaucoup plus sur Ombre surtout, sur sa vie en dehors de l’école, mais je vais aussi explorer leurs motivations. C’est une école de héros, mais on se demande bien ce qu’ils y font et pourquoi. Xiong Mao, par exemple ; pourquoi voudrait-elle devenir une héroïne ? De même pour Ombre et Chance, au fil du second tome on va peut-être avoir un début d’explication.

Je préfère dévoiler progressivement mes personnages à travers leurs actes et les différents épisodes qui composeront cette série ; j’aime surprendre le lecteur avec un développement qui peut être perçu comme anarchique. Par exemple, le premier tome peut être pris comme un simple divertissement, pourtant je me suis donné beaucoup de mal pour y intégrer de manière subtile des éléments qui seront très importants pour la suite et qui rentrent dans un propos moins bête qu’il en a l’air.

Une bonne partie de l’action du premier tome se passe dans une école d’apprentis super-héros. Qu’est-ce qui vous a poussé à créer cet univers-là ?

Florent Maudoux : Je suis parti du principe qu’on est tous les héros de son propre univers. On voudrait tous devenir des personnages importants, des gens aimés et reconnus.

J’ai transposé la réalité dans mon univers fantastique pour pouvoir raconter les choses de manière beaucoup plus exagérée : la plus petite dispute entre amoureux se transforme très vite en combat homérique, les rivalités entre filles prennent des dimensions cataclysmiques. La liberté apportée par le fantastique est extraordinaire, de plus c’est l’univers dans lequel je baigne ; j’adore les séries B et tous les genres qui gravitent autour. A partir de là, l’idée d’une école de héros en tous genres m’est venue toute seul.

Au passage, ce n’est pas vraiment une école de super-héros, puisque je ne fais pas tant que ça référence aux super-héros en collants américains. je m’inspire plus des personnages fantastiques en général. Il y a une sorte de melting pot culturel dans cette école.

Justement, vous parliez des séries B et de vos lectures. Pouvez-vous nous parler de ce que vous lisez ou regardez en ce moment ?

Florent Maudoux : Je lis un peu de tout : de la fantasy, Robin Hobb, Glen Cook... En ce moment, je lis Orson Scott Card dont l’idéologie est parfois douteuse, mais c’est intéressant de voir ce que l’on peut raconter avec des moyens qui ne sont pas traditionnels, c’est-à-dire faire des métaphores sur notre société actuelle, en utilisant des images différentes et fortes.

Sinon, en matières de séries B, ce sont surtout les bons vieux classiques du genre : Carpenter, Roméro plus récemment Rodriguez. Il y a une espèce de revival de la série B, par exemple avec Shaun of the Dead ou Horribilis, qui m’ont beaucoup plu. C’est enthousiasmant.

Vous travaillez pour le moment comme auteur complet. Etes-vous tenté de travailler avec un autre scénariste ou un autre dessinateur comme le fait Run par exemple ?

Florent Maudoux : Dire que je suis tout seul au scénario, ce serait mentir. Ma compagne m’aide beaucoup dans le sens où, lorsque je suis bloqué, elle va toujours trouver une solution intéressante et apporter son point de vue. Après tout, je raconte une histoire où il y a beaucoup de femmes, et avoir un point de vue féminin justement, c’est très important pour l’équilibre et la crédibilité de ces personnages.

Sinon, je travaille en ce moment avec deux auteurs sur un spin-off de Freaks’ Squeele avec Valkyrie. C’est une femme nordique à l’apparence assez impressionnante, un petit peu style "nageuse est-allemande", mais dont le rêve est de devenir magical girl. Là, on va pouvoir partir sur un univers assez particulier, les magical girls, la pop japonaise dans tout ce qu’elle a de plus délirant et de plus extrême, et voir ce qu’on peut y apporter.

L’idée, c’est de faire de la magical girl crépusculaire ! Faire subir au genre ce que Sergio Leone a fait au western.

Valkyrie cristalise tous les enjeux de Freak’s Squeele : des gens qui ont des envies, mais pas forcément la tronche de l’emploi, des "freaks" vont chercher leur place dans la société et tenter de se définir.

C’est pour cela que mon scénario se passe dans une université et pas dans un lycée. Au lycée, l’objectif est finalement assez simple : passer son bac. Alors qu’à l’université, il faut choisir, se demander si c’est vraiment ce que l’on veut faire et si c’est bien ce pour quoi on est fait. Au passage, c’est un peu mon histoire personnelle, J’ai eu un DEUG de Maths, et je me suis finalement rendu compte que je ne savais pas quoi en faire : je n’étais pas fait pour ça. Ce que j’avais vraiment envie de faire, c’était dessiner, raconter des histoires, permettre aux gens de s’évader.

Pour finir, le terme "Squeele" n’apparaît dans aucun dictionnaire. D’où sort-il ?

Florent Maudoux : Il y a eu un jour une erreur de graphisme sur une affiche d’un film qu’on qualifierait volontiers de "nanar" : un film raté sans le faire exprès. Le grand maître du nanar, c’est Ed Wood, qui faisait des films avec tout l’amour qu’il pouvait y apporter, mais ça restait fondamentalement mauvais à cause du manque de moyens et de savoir-faire. L’un dans l’autre, ça faisait des "mauvais films sympathiques". Sur cette affiche de nanar donc, le graphiste avait fait une erreur monumentale : il avait souligné le sous-titre "A vous couper le souffle", avec une barre de la même couleur et de la même largeur que la typo, et en lisant cette affiche, on a une furieuse envie de lire "A vous couper le squeele".

C’est un mot qui vient du néant, devenu culte dans le milieu du nanar. C’est un mot découvert comme on a découvert le principe de la gravité ou la pénicilline : un hasard fabuleux et magique !

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