Guillaume Bouzard : Je bosse en improvisation totale !

Le 30 octobre dernier, Guillaume Bouzard publiait le second tome de The Autobiography of a Mitroll chez Dargaud. Nous avons profité de sa présence au festival de Saint-Malo, où l’album était présenté en avant-première, pour discuter de son travail entre deux plaisanteries.

Bonjour Guillaume. A la fin du premier tome [1], on vous avait laissé plus ou moins perdu en pleine forêt en compagnie de Floppi, et on se demandait bien ce qu’il allait se passer...

… moi aussi !

Et c’est de pire en pire, alors !

En tout cas, on peut dire que ça ne s’arrange pas ! J’ai poursuivi ma petite histoire dans la forêt, et j’ai réussi à la boucler dans ce deuxième tome.

Pour être franc, au début, je n’y croyais pas trop à cette histoire de trolls, qu’on ne voyait pas du tout dans le premier tome.

Tu pensais qu’il n’y aurait jamais de trolls ? Mais si ! Ils sont là : les trolls poilus, les elfes, tout ça. Je me suis lancé à fond là-dedans.

Et là, on comprend tout ce qui était un peu bizarre dans le premier tome, l’accident de brouette dans la forêt, par exemple.

Oui, le minimum, c’est quand même que j’arrive à retomber un peu sur mes pieds ! Disons que dans le premier tome, j’avais laissé quelques pierres blanches et j’ai essayé de me raccrocher tant bien que mal à tout ça. Comme je dis toujours, je bosse en improvisation totale, sans scénario écrit, donc c’est un moyen pour moi de faire tourner l’histoire comme ça. Après, ça peut être un peu compliqué à mettre en place, mais je ne m’en suis pas trop mal sorti, on dirait.

Bien évidemment, on trouve quelques allusions aux légendes bretonnes (ça tombe bien, on est à Saint-Malo), même si cela ne semble pas être vos origines.

Non, je suis venu une fois dans ma vie dans la forêt de Brocéliande, ou plutôt la forêt de Paimpont. J’ai en tête l’imagerie bretonne classique et j’essaye d’en jouer un petit peu et taquiner gentiment les bretons :). Tous les Yann, tous les Yoann qu’on peut voir aujourd’hui.

Il n’y a pas que les références bretonnes. On y retrouve aussi le film Delivrance...

...Tout à fait. Il était d’ailleurs déjà dans le premier tome, le petit gamin de Delivrance, avec son banjo. C’est un scène du film qui m’a marqué comme elle a marqué beaucoup gens de ma génération.

Les bretons vont sûrement être contents du clin d’œil !

Oui, c’est tout à leur honneur, bien entendu :)

Vous avez également mobilisé vos connaissances scientifiques pour l’élaboration du scénario.

Oui, j’ai fait appel à mes souvenirs de Terminale D [2], en particulier mes cours de Sciences Naturelles. Il s’avère que le gène troll est récessif, heureusement pour moi et mes enfants ! Enfin, pour le moment :)

Puisque vous laissez de côté le monde des trolls, quels sont vos projets immédiats ?

Le prochain, toujours chez Dargaud, c’est Football Football saison 2, pendant la Coupe du Monde. Ce sera un mélange : une vingtaine de planches parues dans le magazine So Foot complétées par des inédits, sur le même schéma que le premier tome. Je devrai aussi faire un Mégabras chez Fluide Glacial, où je me mets en scène en tant que super-héros. J’espère avoir avoir assez de planches pour faire l’album en 2010. En fait, des projets, j’en ai plein, mais je n’ai pas le temps de tout faire. Je travaille aussi un petit peu pour Spirou en ce moment. J’essaie d’y installer une série, avec des histoires de quatre ou cinq planches à chaque fois et des personnages récurrents. Ça va commencer dans le numéro spécial Noël 2009, et je vais essayer de continuer.

Ça fait déjà pas mal !

Oui, sans compter un club de théâtre que je voudrais monter, et un Monsieur Ferraille chez les Requins Marteaux aussi. Mais là, ce sont des projets que je n’aurai pas le temps de faire dans les deux années qui viennent...

Pas d’Autobiography of me too four ?

Ben non. Pour l’instant, je laisse un peu tomber ça. Je pense avoir fait le tour de cette histoire-là. Mais en laissant reposer, ça va peut être revenir, et je vais peut-être trouver des trucs à dire. Mais malgré tout, j’emploie toujours mon personnage, Guillaume Bouzard en l’occurrence, dans des collectifs et des petits trucs comme ça.

En tout cas, la collection centripète, qui publie les trois Autobiography of me too est vraiment belle.

Ah, elle est superbe, c’est vrai. A ce jour, ce sont mes plus beaux livres.

On les aperçoit, d’ailleurs, dans Is Dad a Troll.

Oui, je leur fais de la pub dans mon dernier album :)

Et chez Dargaud, ils sont d’accord ?

Oh, j’avais tellement de retard sur le boulot qu’ils ne m’ont rien dit. Peut-être qu’ils ne l’ont pas lu, d’ailleurs :)

En tout cas, moi, je l’ai lu, et j’ai vraiment passé un bon moment !

Merci ! Il vient de sortir, et ça faisait deux mois que je n’y avais pas touché et je viens de le relire, donc forcément, j’y vois tous les défauts, tout ce qui ne va pas. C’est toujours le même problème : un auteur qui sort un nouvel album est toujours très critique sur son travail. C’est le côté stressant du métier ! Apparemment, les gens qui l’ont lu l’on bien apprécié, mais il y a aussi les gens qui ne veulent pas vexer les auteurs, donc finalement, on ne peut jamais trop savoir. Jean-Yves Ferri [3] l’a lu, et je lui avais demandé une critique cartésienne et sans complaisance, et il a bien fait son travail !