Revue dessinée (La) 33

Il faut du souffle pour dissiper l’opacité

Cette nuit de septembre 2019 où un panache de fumée noire est venu assombrir leur ciel, les habitants de Rouen l’ont appris à leurs dépens. Dénégations, effets de manches et stratégies de communication : l’enfumage ne s’est pas éteint avec l’incendie de l’usine Lubrizol. Deux ans après la catastrophe, son origine et ses effets restent mal connus. Faute d’études poussées et de contrôles sérieux, vivre avec le doute est la seule option

Loin de Lubrizol, tel est aussi le sort de dizaines d’éleveurs qui ne reconnaissent plus leurs troupeaux. Du jour au lendemain, les comportements des animaux changent et la mortalité augmente

Face à ce mystérieux phénomène, les éoliennes et les lignes haute tension font l’objet de tous les soupçons. Mais le brouillard persiste. Alors, des journalistes épluchent, recoupent, écoutent, confrontent, tandis que des militants montent au créneau pour défendre le droit à l’information. Car il faut du souffle pour percer les écrans de fumée. Pour ne pas se laisser aveugler par les hommages et les flonflons

Les médailles décernées aux pompiers qui, à Rouen, ont lutté contre les flammes ne sauraient faire oublier qu’ils ont été très exposés car parfois mal équipés

Leurs médailles ne sont pas sans rappeler celles décernées aux soignants en pleine épidémie de Covid-19 sans un mot sur la situation tragique de l’hôpital public. Gonflés à bloc, une poignée d’entre eux se sont démenés pour faire résonner une autre musique que celle des discours.