Glenn Miller

L’empreinte indélébile qu’a laissée dans la mémoire collective l’orchestre de Glenn Miller constitue un des phénomènes les plus surprenants de la musique populaire du XXe siècle. Ce groupe, dont la courte histoire n’a duré qu’une demi douzaine d’années, de 1938 à la disparition de son chef en 1944, semble avoir gravé pour l’éternité des succès qu’aucune mode ne pourra faire oublier. Moonlight Serenade, In The Mood, Pennsylvania 6-5000, une sonorité d’ensemble reconnaissable entre mille, le secret de sa gloire tenait sans doute à la parfaite adéquation entre ce qu’il donnait à entendre et à danser et les désirs du plus grand nombre. Glenn Miller a laissé en très peu d’années quelques traces phonographiques qui semblent devoir ne jamais être effacées. Sans doute parce qu’il eut la chance de donner ce qu’attendait le public, au bon moment, au bon endroit. La couleur sonore de son premier orchestre (CD2, 1939-1942), produite en particulier par un mélange astucieux clarinette-saxophones, le rendit identifiable aux oreilles les moins exercées. Quelques tubes inoxydables achevèrent d’en faire la gloire. Moins typé, l’orchestre qu’il dirigea sous les drapeaux (CD1, 1944) est plus satisfaisant dans le domaine du swing et d’un strict point de vue jazzistique (l’épatante partie de batterie de Ray McKinley y est pour beaucoup). Chacun trouvera ses raisons d’exercer sa nostalgie.