Fil du rasoir (Au)

O’Groj n’a pas de limite, quand bien même il arrive à faire tenir le fruit de ses élucubrations dans les cases d’une planche BD. On sent bien qu’il nous tire plus loin, toujours plus loin, dans un monde où il suffirait parfois de quelques notes de musique (un peu d’Art Tatum) pour qu’il perde définitivement la boule. L’inspiration d’O’Groj part dans tous les sens, frappant dans le même temps nos cinq sens, et nous plonge en plein non-sens. C.Q.F.D. Ses dessins foisonnants grouillent de personnages qui forment une hallucinante galerie de portraits que les surréalistes n’auraient peut-être pas reniés. On y croise des allumeurs allumés, des hybrides débridés, des sermentés d’Hippocrate hypocrites, des harengs arrangeurs, des agents harangueurs, des gaziers gloseurs, des péteurs pétés, des jazzeurs jaseurs, des zappeurs sans peur ..

Une vision désopilante et cynique du monde comme il va avec ses contradictions, ses énormités, ses débordements, ses points névralgiques en quelques cinq récits courts : Au fil du rasoir comme de juste.