A la frite sauvage

L’an 1980 se présente avec sa grande cape, crédule année où le Hamburger parade à tous les coins de rue, où la Nouvelle Cuisine trône au milieu d’une immense assiette, où peser 45 kg pour 1 mètre 75 au garrot fait fureur. Après avoir été un piètre défenseur du bon manger dans Libération, Madeleine De Mille est parachutée à la tête d’une rubrique culinaire dans L’Écho des Savanes, mais que va-t-elle y défendre ? Rien. Mais décrypter l’insoupçonnable, le vomi, le raté, la nausée, l’inconnu, la frite sauvage. Récolter une belle brochette de dessinateurs en vogue, Serge Clerc, Ted Benoît, Yves Chaland, Thierry Dalby, Jacques de Loustal, Philippe Petit Roulet, Stéphane Colman, pour illustrer ces immondices. Aucun n’a bronché. Bien qu’ayant participé à cet aparté indigeste, ils continuent à être célèbres. Depuis tout ce temps, ils ont gardé le coeur bien accroché et ils se retrouvent plus souvent à table qu’ailleurs, où Serge Clerc se pique de bon vin. Par contre, après huit publications, L’Écho, pris d’une terrible indigestion, les a rayés du menu.