
Eaux troubles Critique de Vivien Arzul
Après les Mystères de la République, les mêmes auteurs ont décidé d’explorer d’autres pistes mêlant enquête et politique à travers trois nouvelles séries. L’une d’entre elle se porte sur l’extrême droite, sur son histoire et ses échos avec le pouvoir et la justice. Philippe Richelle et Pierre Wachs n’ont encore pas choisi un sujet facile, mais en cette année d’élection, n’est-il pas nécessaire d’en savoir plus sur l’histoire politique de notre pays, qu’elle soit romancée ou non ?
L’histoire en deux mots :
En 1978, Francis Dupré est assassiné. Cet homme n’est pas n’importe qui, il s’agit d’un membre influent d’un parti d’extrême droite. L’enquête sur ce meurtre va révéler des corrélations insoupçonnées entre anciens collaborateurs, soldats de l’OAS ou des groupuscules bien intégrés dans les sphères de l’État.
Le scénario :
Cette série est d’une richesse inouïe, le scénariste multiplie les intrigues sans noyer ou perdre le lecteur afin de montrer la complexité de l’enquête et le secret qui entoure la sphère des suspects. Le lecteur est pris par la main certes, mais l’investigation ne lui est pas pour autant révélée et il va lui aussi essayer de démêler le vrai du faux dans cette investigation.
L’album est surtout une formidable photographie du paysage politique de l’époque et de son ambiance et montre que l’extrême droite a toujours gravité autour du pouvoir.
Cette série se veut dans la tradition de la bande dessinée franco-belge, avec des phylactères dense, mais qui servent à expliquer tous les ressorts de ce scénario généreux.
Enfin, bien que les éléments soient nombreux, la lecture reste fluide et invite le lecteur à en apprendre plus sur cette France et son histoire pas si lointaine que ça.
Le dessin :
Le dessin de Pierre Wachs colle parfaitement à l’ambiance authentique de l’album avec son trait extrêmement réaliste. Le dessinateur est remarquablement précis que ce soit dans la représentation de ces personnages ou des décors, cette adresse permet une immersion quasi immédiate. Le lecteur perçoit à chaque planche l’immense travail de recherche de l’auteur pour rendre son album juste. De plus, le dessinateur a su saisir merveilleusement bien ces ambiances lourdes de huis clos nécessaires au sombre tractation politique.
Enfin la mise en couleur très efficace est d’une justesse incroyable, elle sublime et habille merveilleusement les planches tout en terminant d’ancrer l’album dans son époque.
Ce second tome d’Affaires d’Etat - Extrême Droite confirme la totale réussite graphique et scénaristique dans un récit qui se veut captivant et informatif, permettant d’en apprendre plus par l’intermédiaire de cette fiction documentée sur une période pas si lointaine.