
Erin Critique de Vivien Arzul
Les éditions Glénat sont un acteur majeur de la scène éditoriale dans le monde du neuvième art depuis depuis cinquante ans. Leurs séries jeunesse ont su marquer durablement le paysage de la bande dessinée avec le célébrissime Titeuf ou encore Lou !. Cette rentrée est l’occasion pour l’éditeur de présenter une nouvelle série ambitieuse, prévue en 6 tomes : Les Géants. Orchestrée par Lilian, sera dessinée par cinq dessinateurs qui mettront leurs sensibilité graphique à son service. Paul Drouin s’occupe du premier tome et il signera la conclusion de cette série titanesque.
L’histoire en deux mots :
Au Groenland, un père accompagné d’un inconnu suivent son fils à travers le vent et la neige. Lors d’une partie de chasse, l’enfant a découvert une grotte qui renferme un mystérieux Géant.
Loin de là, en Écosse, Erin est une jeune orpheline passionnée par la nature qui va se découvrir un lien intime avec un colosse végétal et apprendre que plusieurs titans vont se réveiller à travers le monde pour empêcher une terrible menace.
Le scénario :
Ce premier tome pose les bases d’une saga épique en évoquant certains éléments que nous retrouverons dans les prochains albums et montre l’énorme potentiel de la série. Ce tome de présentation se focalise sur le personnage de Erin, une jeune fille au passé difficile, ce qui lui apporte une aura toute particulière. Ses failles en font un personnage attachant, véhiculant des valeurs extrêmement positives.
Cette héroïne crève les planches et sa construction parfaite montre le grand travail du scénariste dans l’élaboration des personnages, en parvenant avec justesse à donner à chacun d’entre eux une place adéquate dans le récit. Lylian parvient avec brio à faire ressentir le caractère de chaque personnage.
La connexion entre Erin et son Géant est naturelle et leur apprivoisement mutuel permet de voir que le scénariste n’a pas bâclé cette première rencontre unique. Les éléments sont savamment distillés pour susciter l’intérêt sans trop en dire. De plus, le scénariste ne focalise pas uniquement son récit sur la relation entre Erin et le Géant Yrso, ce qui donne de la profondeur à son récit en ajoutant d’autre éléments qui crédibilisent davantage le récit.
Enfin, Lylian réussi le tour de force de maintenir une tension constante en évoquant la menace qui plane en début et fin de tome, et ainsi donner envie aux lecteurs d’en découvrir plus dans le tome suivant.
Le dessin :
Paul Drouin réalise un tome de toute beauté, il montre son inégalable talent dès la couverture où l’on perçoit la démesure et la mansuétude de Yrso, sublimé de surcroît par la mise en couleur de Lorien. Le coloriste élève dans une autre dimension le dessin avec notamment un travail formidable sur les jeux de clair-obscur.
Le dessinateur parvient à faire vibrer le lecteur grâce à sa juste retranscription des émotions. Ses protagonistes transpirent la sincérité, qu’ils soient au premier ou au second plan, on perçoit de suite l’hostilité des garnements envers Erin ou encore la bonté de cette dernière envers ses proches.
Le dessinateur excelle aussi dans la création de ses Géants, son titan végétal montre le colossal travail de recherche graphique pour le saisir au plus juste.
Les scènes de symbiose entre les deux héros sont superbes et apportent un aspect science-fiction par moment, tout en restant cohérent avec l’univers.
Enfin la mise en page est véritablement au service du tome avec de grande cases montrant la démesure des Géants ou l’immensité des paysages.
Ce premier album des Géants est annonciateur d’une série aux multiples qualités qui possède tous les arguments pour s’imposer dans le paysage du neuvième art.
Les artistes qui en sont à l’origine ont su mettre tous leurs talents de concert pour réaliser l’une des belles surprises de l’année avec un scénario prenant, touchant et invitant à l’aventure.