Fantôme de l'Opéra (Le)
Rouletabille (Une aventure de)

Fantôme de l’Opéra (Le) Critique de Vivien Arzul

Parution: 28 août 2019
1 édition recensée
L’adaptation fidèle du célèbre roman de Gaston Leroux. Au sein de l’opéra Garnier, des événements mystérieux et effrayants se produisent. Un machiniste est retrouvé pendu, le grand lustre s’écrase dans le public et on parle d’un fantôme (...)

Rouletabille, le petit journaliste à la perspicacité implacable, revient en format dessiné sous l’égide de Jean-Charles Gaudin au scénario et Christophe Picaud au dessin. Après la chambre jaune et le mystère de la dame en noir, c’est au fantôme de l’Opéra de livrer ses secrets dans une enquête captivante.
Le personnage de Gaston Leroux n’en est pas à sa première apparition dans le paysage du neuvième art, il a déjà pris vie sur papier grâce à André-Paul Duchâteau et Bernard Swysen, et dans trois adaptations en manga malheureusement jamais parvenu dans nos contrées.

L’histoire en deux mots :
Vingt ans après les faits, le mystère du fantôme de l’Opéra reste entier. Rouletabille est pourtant bien décidé à lever le voile sur cette étrange affaire. Il s’en va donc à la rencontre d’un étrange personnage, ce témoin parcellaire des faits qui va l’emmener dans les coulisses de cette affaire ayant défrayé la chronique en ce début du XXème siècle

Le scénario :
Jean-Charles Gaudin livre une histoire singulière de Rouletabille. En effet, le personnage est spectateur de l’intrigue et n’intervient que très peu dans son déroulement. Il est ici sur un pied d’égalité avec le lecteur qui découvre en même temps que lui les révélations sur l’affaire. Néanmoins, le scénariste ne cantonne pas son personnage dans un rôle de témoin indirect de l’intrigue, il parsème le récit d’allusions aux recherches entreprises par le journaliste.
L’auteur a su condenser le roman d’origine afin de rendre l’épisode prenant sans être avare en détails. Il a ainsi laissé une grande place au texte et aux phylactères dans son album. Un choix qui renvoie à l’âge d’or de la bande dessinée.
Jean-Charles Gaudin est également parvenu avec talent à dépeindre le machiavélisme et le surnaturel du fantôme tout en lui donnant un visage humain. De plus, il expose justement ses ressentis et son amour fou, apportant une tension sentimentale.

Le dessin :
L’ambiance graphique de l’album est fidèle à la représentation classique de l’univers de Gaston Leroux. Ce qui frappe dès les premières pages, c’est le soin très poussé qu’a pris le dessinateur dans la représentation des monuments et des détails architecturaux, qui projettent immédiatement le lecteur dans ce début de siècle. L’Opéra Garnier en début de tome est sensationnel, aidé par une mise en couleur aux nuances lumineuses montrant sa splendeur et sa démesure.
En effet, le travail sur les ombres et les lumières accentue l’angoisse dans cet opéra fait de dédales, et surtout permet de visualiser l’atmosphère de l’époque.
Le graphisme un peu statique correspond très bien à cette volonté de bande dessinée de l’âge d’or. Néanmoins Christophe Picaud parvient à dégager du dynamisme lors d’altercations ou lors de l’hallucination avec le lion. Avec ce procédé il casse le rythme tout en surprenant le lecteur.
Mais là ou le dessinateur excelle c’est dans l’expressivité de ses personnages. Les visages et les postures sont expressives, ce qui permet une immersion accrue dans l’intrigue, par exemple lors de la chute du lustre sur le public où le lecteur perçoit instantanément l’effroi, la panique et la surprise du public.
Enfin, la couverture de Stéphane Perger est une ode aux couvertures de roman de l’époque avec son esthétisme à l’ancienne et se montre une invitation à la découverte de l’album

Cette nouvelle aventure de Rouetabille en bande dessinée est une adaptation réussie, avec un scénario conciliant respect de l’oeuvre et une réécriture au service du neuvième art. Le graphisme au service de l’histoire est remarquable et se montre un très bon choix pour cette enquête mystérieuse et envoûtante

Par Vivien Arzul.
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