
Ecole de Montperdu (L’) 1 Critique de Vivien Arzul
L’univers des contes est un terrain de jeu sans limite pour les auteurs de bande dessinée jeunesse. De nombreux scénaristes revisitent et cassent les codes du genre pour donner aux enfants des histoires inédites sur ces univers connus.
C’est la scénariste Moon qui se plie à l’exercice en alliant ces fables à la culture populaire pour donner sa vision un peu décalée d’un monde imaginaire dépourvu de méchants.
Pour ce premier tome de l’école de Montperdu, elle s’associe à Elisabeth Jammes, déjà dessinatrice de deux albums jeunesse, qui atravaillé sur des albums de communications et des guides illustrés.
L’histoire en deux mots :
Rien ne va plus au royaume, les chevaliers menacent de le quitter faute d’adversaires à combattre. En effet, sorcières, vampires et autres méchants ont tous été battus et les défenseurs du royaume s’ennuient ferme. Le roi a alors la brillante idée de construire une école qui formerait les vilains de demain pour garder ses protecteurs. Et c’est en ces lieux que Théobald, le fils du chaperon rouge, et Guenièvre, comptent faire carrière pour fuir leur destinée.
Le scénario :
La réinterprétation du monde des contes de fées de la scénariste est une réussite, le lecteur retrouve avec plaisir de nombreuses références dispensées çà et là pour le besoin de l’intrigue. Le prétexte pour la construction de l’école est bien pensé et délicieusement drôle, Moon fait ici clairement un clin d’œil à la saga Harry Potter avec cette académie aux professeurs aux en couleurs.
En effet, la scénariste a posé l’accent sur la réalisation de ses protagonistes afin qu’ils soient cohérents avec l’univers et connus de tous. Elle utilise avec justesse les plus illustres ambassadeurs du folklore des contes comme Jack O’Lantern en professeur de costume ou encore Baba Yaga provenant des mythes russes. Avec l’utilisation de ses nombreuses références, la scénariste montre son grand travail de recherche afin de créer un univers riche et coloré.
Les deux personnages principaux ont des traits de caractère proches du lectorat visé et permettent une identification rapide à ces deux gamins espiègles. Ce duo complémentaire dépeint une belle amitié qui va se renforcer de page en page. En effet, le côté garçon manqué de Guenièvre va contrebalancer la frousse de Théobald qui lui au contraire va parvenir à calmer le tempérament volcanique de la jeune fille par sa tendresse naturelle.
Enfin, le rebondissement scénaristique en fin de tome maintient le lecteur en haleine une fois l’album refermé et se montre être une belle invitation à découvrir les nouvelles aventures des deux futurs méchants.
Le dessin :
Elisabeth Jammes avec son style doux et chatoyant colle parfaitement à l’ambiance de la série. La première chose qui frappe le lecteur c’est la mise en couleur superbe qui habille les planches. Les choix chromatiques renvoi à l’idée de l’univers des contes de fées avec des couleurs vives et bien qu’informatique la mise en couleur n’apporte pas un aspect froid au graphisme.
Le style de la dessinatrice est protéiforme empruntant quelques codes graphiques au manga, on perçoit également des inspirations comics avec des cases faisant penser à l’auteur de Scott Pilgrim, Bryan Lee O’Malley.
Les personnages sont mignons, et le lecteur prend plaisir à découvrir l’interprétation des trolls, sorcières et autres dragons qui leur donnent une authenticité en corrélation avec l’atmosphère du tome.
La bande dessinée ciblant un jeune public, le dessin d’Elisabeth Jammes à la part belle avec un découpage accompagnant le lecteur pour le faire suivre au mieux l’intrigue. Les cases regorgent de détails hilarants qui invitent le lecteur à les explorer une à une pour les découvrir.
Enfin, la dessinatrice a su vraiment saisir l’univers du conte de fées pour réaliser un album entre le livre pour enfants et la bande dessinée faisant de ce premier tome de l’école de Montperdu une excellente porte d’entrée dans le neuvième art pour un jeune lectorat.
L’école de Montperdu est une très belle surprise dans le paysage de la bande dessinée jeunesse avec son scénario prenant un peu à contre pied le lecteur avec un humour bien distillé et un graphisme taillé pour l’exercice.
Un album à découvrir et faire découvrir sans modération par les petits comme par les grands.