Magic Order (The) 1

Magic Order (The) 1 Critique de Vincent Lapalus

Parution: 2 mai 2019
2 éditions recensées
Cinq familles de magiciens ont prêté un serment : celui de protéger les simples humains de ce qui rôde dans la nuit.Mais un ennemi a mis en place un plan implacable et se débarrasse des membres de l’ordre l’un après l’autre… (Contient les (...)

L’humanité est protégée, elle est sous la garde du cercle intérieur des magiciens, des familles de sorciers qui protègent l’être humain depuis mille ans. Mais qu’arrive-t-il à ce groupe de personnes exceptionnelles lorsqu’un mage noir au costume carnaval de Venise décide d’éliminer ces protecteurs un par un ? Une guerre occulte et surnaturelle entre praticiens pour le contrôle de cette guilde, ainsi que la possession de l’Orichalcum, un grimoire usé mais indestructible refermant les sorts les plus puissants qui existent, responsable de nombreuses guerres et autres catastrophes de grande envergure.

Dès le premier chapitre, Mark Millar nous présente les deux camps après l’assassinat assez “hardcore” d’un membre du cercle. Les bons, menés par Leonard Moonstone et sa clique, comprenant ses propres enfants, et les mauvais, conduits par Madame Albany et son tueur implacable nommé le Vénitien, déjouant les sorts les plus puissants des défenseurs du bien. La guerre entre les deux camps fait rage, la bataille est dantesque et chaque cabale veut défendre sa position à grands coups de baguettes magiques et d’incantations pour faire plier l’adversaire.

Voici tome en six chapitres où l’action, les révélations et diverses situations fantasmagoriques sont menées tambour battant et sans temps mort par l’auteur écossais fou. Le scénariste, grand connaisseur et analyste du neuvième art, brasse les influences magiques du comic. Il effectue, tout comme Alan Moore, un joli pied de nez à ses personnages commerciaux propres sur eux et multi-millionnaires comme le Doctor Strange ou le Doctor Fate. Cordélia (une Zatanna acidulée) aidé par Gabriel (un Constantine désabusé) et leur frère Regan, secondent leur père Léonard (un Zatara, sage et bien-vaillant) dans sa lutte contre les forces obscures d’Alabany (que ne renierait certainement pas un petit binoclard balafré dans son école de sorciers).

Mark Millar, s’accapare et remanie comme à l’accoutumée les concepts du comic-book américain et y apporte fraîcheur et modernité avec un sens du rythme redoutable. Pas de lourdeur ou de dialogues à rallonge, une histoire chimérique à la fois ciselée, affûtée et subtile où s’entremêlent le fabuleux ainsi que le drame familial, à travers les personnages de Cordélia avec sa tendance à l’alcoolisme et le non-conformisme puis Gabriel supportant la perte tragique d’un enfant suite à un accident de sorcellerie. Voire même parfois des cases impitoyables et tranchantes de violence quand l’intrigue l’exige. Encore un bel opus estampillé Millarworld ou l’auteur écossais démontre tout son talent de conteur et de showman, à créer un contact et retenir l’attention du lecteur ainsi que son sens du spectacle posé par écrit. Des clins d’oeil à Mike Mignola et ses monstres tentaculaires, au Marquis de Guy Davis avec le Vénitien, à l’inspiration à peine cachée aux personnages “prodigieux” de DC Comics cités ci-dessus sont parsemés par ci par là... la magie opère.

Concernant la féerie illustrée, Mark Millar s’entoure toujours de la crème des dessinateurs pour les titres de son propre label. Notre Olivier Coipel national se penche sur The Magic Order avec un plaisir non dissimulé. Véritable enchanteur visuel, Coipel met tout son talent au service de sa propre création pour donner le meilleur de lui-même dans l’iconographie du présent volume. L’artiste, véritable illusionniste graphique, livre un joli pavé dessiné et encré par ses soins. Un trait fin, soigné avec beaucoup de minutie et d’attention portée sur les visages et l’expressivité, sans oublier les arrière-plans extrêmement bien travaillés. L’encrage quand à lui est sobre, éloquent et vigoureux. Un véritable enchantement oculaire, un travail d’une énorme habileté, soutenu par Dave Stewart, coloriste d’Hellboy, BPRD, The Goon, Black Hammer et bien d’autres. Un habitué des univers fantastiques et lui aussi véritable prestidigitateur dans le domaine de la couleur.

Pour finir, The Magic Order est un émerveillement de lecture indé à ne surtout pas louper sous peine d’être (con)damné.

Par Vincent Lapalus.
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