
Qui a peur d’Emad Elliev ? Critique de E. Aubague
A sa naissance, la première chose que la sage-femme a vu d’Emad est son crane imberbe, proéminent et d’une blancheur éclatante. La venue de cette petite fille a été très attendue par ses parents, Juulia et Anton, parce que si ses trois frères peuvent aider son père à pêcher, sa mère elle n’avait jusqu’alors personne pour la seconder aux taches ménagères.
Mais Emad se révèle décevante aux yeux de ses parents, outre sa tête si particulière Emad ne parle pas et s’exprime au moyen d’une seule et unique onomatopée. Face à cette déception ils décident de consulter une ancienne pour « lire les signes ». Or ces signes vont se révéler eux aussi si décevants, qu’à peine âgée de 10 ans, Juulia et Anton décident de l’offrir comme enfant-épouse à l’instituteur des îles. Et ce n’est qu’auprès de cet homme, particulièrement bon avec elle, qu’Emad découvre enfin les joies de l’enfance, mais toujours pas la parole. C’est la guerre, qui avait jusque là épargnée ces îles, qui lui fera prononcer ses premiers mots et définitivement quitter cet univers pour devenir bonne à tout faire.
Kati Kovács est une auteure finlandaise. Elle montre à travers cet album que la vie, sur toute sa durée, peut réserver de grosses surprises, très bonnes comme très mauvaises. Elle raconte une jolie histoire, cependant parmi tous les thèmes qu’elle aborde celui de la sexualité forcée prédomine, ce qui, par moment, alourdi inutilement la lecture. Heureusement pour le lecteur sa manière de dessiner permet d’alléger certaines parties du scénario. La première planche semble avoir été dessinée par un enfant au trait très sûr. Puis au fur et à mesure des pages, cette impression s’en va et l’aquarelle apporte des couleurs et de la gaité nécessaires à cette histoire.