
On Peut Pas Tout Lire ! Critique de Capitaine Carotte
Sur fond de hausse de TVA et de crise financière, le métier de libraire indépendant ne s’est jamais montré aussi précaire. C’est cette ambiance morose que choisissent Libon et Salma pour nous livrer le troisième opus d’Animal Lecteur, ode à la gloire de cette profession, que l’on peut lire chaque semaine dans le journal Spirou. Comme pour les deux tomes précédents, celui-ci, intitulé judicieusement "On peut pas tout lire !", nous raconte toujours les (més)aventures de la librairie spécialisée BD Boutik, de ses clients, mais surtout, dans cet album, celles de son patron.
Si la surprise est passée et que le vent de l’originalité souffle moins qu’au début de la série, les gags restent truculents, et feront bien marrer ceux qui gravitent de façon forte dans la galaxie BD : gros lecteurs, auteurs, libraires, journalistes... Comment ne pas, à chaque page, s’exclamer "hahaha mais c’est tellement vrai !" ? Le lecteur occasionnel (dont vous ne faites sûrement pas parti si vous lisez cette chronique...) aura par contre beaucoup plus de mal à se reconnaître à chaque page, tant l’album fourmille de private jokes et de corporate jokes...
Le dessin de Libon est fidèle à son habitude et à ce qui fait sa force : un trait nerveux, des décors épurés et un vrai don pour dessiner des "gueules" plus hilarantes les unes que les autres.
S’il fallait émettre un regret dans cet ensemble de bonnes choses, c’est le fait de rester cantonné à la boutique BD. On aurait aimé, pour renouveler un peu le genre, que les auteurs exploitent aussi d’autres facettes de l’"Animal Lecteur" : la vie du côté des auteurs, les salons BD et dédicaces ou les comités de lecture des éditeurs etc. Sous son format original "à l’italienne mais en vertical", cet ovni du 9e art reste tout de même un indispensable pour les aficionados de la BD. "On peut pas tout lire !" certes, mais on vous conseille de le lire celui-là !