
Correspondante de Guerre Critique de Thomas Clément
Anne Nivat est journaliste. Et même reporter au long cours et souvent correspondante de guerre. Une vie plutôt risquée, qu’on imagine peut-être menée par une baroudeuse en treillis, costaude et bourrue, une sorte d’Hemingway vaguement féminisé. Les poncifs ont la vie dure, et ce livre-là, justement, n’en a que faire. Daphné Collignon a décidé de percer le mystère Anne Nivat. Au fil des rencontres entre la dessinatrice et la journaliste, on approche, on écoute, on tente de comprendre.
Cet album n’est pas un récit d’aventure, pas plus qu’une biographie. Habile mélange de conversations, de récits, de portraits, ce livre est surtout un voyage, une invitation en tout cas, où le lecteur tente de comprendre les motivations profondes d’Anne Nivat. Pourquoi cette recherche du danger, cette course (est-ce une fuite ?) en avant qui la pousse à traverser les frontières les plus risquées et à rendre compte de ce qu’elle y voit ?
Il fallait de la subtilité pour parvenir décrire une personnalité aussi particulière que celle d’Anne Nivat, et Daphné Collignon, dont le trait de tout en douceur correspond parfaitement, parvient avec cet album à décrire sans réduire. Une réussite exemplaire.