Rosalinde Critique de Thomas Clément
C’est dans une petite fermette perdue du côté de Pourte-Saint-Janice que Rosalinde, adorable petite femme que l’on aimerait avoir comme grand-mère, s’occupe paisiblement de sa vigne. On souhaiterait que rien ne vienne troubler les dernières années de cette femme d’un âge avancé, mais non ! L’invasion de la Terre par des extra-terrestres visqueux et tentaculaires est en marche.
Il faudra tout la force et la ténacité de Rosalinde, qui se révèle être une sorte de Rambo féminin malgré son grand âge, associée à la charmante mais redoutable Muchu, pour mettre fin aux velléités des aliens. Viendra alors le temps d’établir un ordre nouveau pour cette glorieuse guerrière. Convaincue des bienfaits de l’ordre et de la moralité tendance gaulliste, Rosalinde se lance alors dans des opérations de communications soutenues par le nouveau pouvoir en place, au grand dam de Muchu, pour qui la vie et les différents plaisirs qu’elle permet se doivent d’être vécus intensément.
Avec cet album, Thomas Cadène nous donne une relecture possible des différents hoquets de l’histoire (la reconstruction de l’après-guerre, l’après mai 68, ou quelque autre crise ; choisissez selon votre âge), et se préoccupe beaucoup de la manipulation des personnages publics par les puissants. Il parle aussi d’incompréhension entre les individus et les générations (Rosalinde est de manière très claire marquée "à droite", tandis que Muchu, levant le poing dès la couverture, semble prête à entonner l’Internationale) sans pourtant devenir pesant.
Il y a vraiment beaucoup de choses à dire sur ce livre, plein d’action et rebondissements, foisonnant d’humour aussi (Rosalinde étant décidément très naïve). Si vous voulez passez une bonne soirée, éteignez donc votre ordinateur et partez retrouver Rosalinde !