Margrave héréditaire (Le) Critique de hasting

Sept cavaliers (éditions Robert Laffont) est le premier scénario d’un bon dessinateur Jacques Terpant. Souvent apprécié comme tel et comme illustrateur, il était resté cantonné jusqu’à présent dans le rôle du dessinateur exécutant. Sans doute se trouvait-il à l’étroit dans ce rôle,car il écrit là un premier scénario en adaptant un roman de l’écrivain Jean Raspail, qui est une surprise totale. Très loin de ce que l’on connaît de lui.

Il installe un monde dans un royaume imaginaire qui serait une limite de l’Europe, un monde imaginaire , un royaume perdu à la tête duquel un Margrave héréditaire, dépassé par la chute annoncée et incompréhensible de son monde, dans un geste désespéré mais avec panache, envoie hors les murs ces sept derniers Hommes, les sept cavaliers qui sont le titre de cette série.

Le dessin est superbe , Terpant excelle dans les décors de château de ville médiévale sous la neige, comme dans les grandes étendues de poudreuse. Les personnages sont typés et bien identifiés, sept hommes d’origines et de caractères différents, dont on se doute que chaque parcours intime sera différent dans cette aventure commune.

L’homme qui les commande est Silve de Pikkendorff, un homme droit avec une grande force d’âme, à qui le Margrave confie cette dernière troupe. L’évêque qui les accompagne semble manier aussi facilement le pistolet que le crucifix. Deux jeunes aides de camp dont l’un féru de poésie, un vieux soldat blanchi sous le harnais, un pisteur Oumiate (peuplade de la forêt) un jeune cadet expert aux armes et qui s’en sert sans état d’âme.

Dès le premier tome, on est séduit est attaché par le ton de l’album et la pertinence des dialogues. Le parcours ressemble en cela à des gens comme Gibrat ou Lepage, les dessinateurs qui au moment où ils deviennent leur propre scénariste, entrent de plain pied dans le monde des auteurs.