Eaux du Chaos (Les) 1/2
Légende des Stryges (La)

Eaux du Chaos (Les) 1/2 Critique de Vivien Arzul

Parution: 17 septembre 2025
1 édition recensée
Égypte, 1869. Alors qu’une guerre se prépare entre la France et la coalition des États allemands dirigée par la Prusse, l’archéologue français Alexandre Sardin met au jour un ensemble de sarcophages. À l’intérieur, sept corps à la physionomie (…)

Il y a des sagas qui marquent l’univers de la bande dessinée par leur longévité et d’autres par leur manières d’ étendre leur univers à travers de multiples séries. Le Chant des Stryges est la combinatoire de ces deux facteurs. La série a débuté en 1997 et s’est terminée en 2018 et a vu dans son sillage de nombreuses séries dérivées avec à la manœuvre Corbeyran, scénariste prolifique et de talent. Il faut croire qu’il n’en avait pas fini avec ses créatures car il revient avec Nicolas Bègue pour un dyptique qui tisse un lien entre les stryges et l ’Égypte antique.

L’histoire en deux mots :
En 1869, dans la fournaise du désert égyptien, l’archéologue français Alexandre Sardin fait une découverte sans précédent : sept sarcophages intact. Les corps momifiés trempent dans un liquide noir inconnu et pestilentiel qui cache la nature des défunts. Un fois rentré en France cette découverte va cristalliser toutes les émotions et les convoitises comme celle d’un certain industriel, S.G. Weltman.

Le scénario :
L’histoire gravitant très loin de la série originelle, il n’est pas nécessaire de connaître tous les rouages de l’univers pour découvrir l’album, qui est plutôt une bonne porte d’entrée pour le découvrir. La bonne idée de Corbeyran en plus d’utiliser les Stryges et de simplement faire référence à une figure iconique pour susciter l’intérêt et la curiosité immédiatement.
Le choix du scénariste de mettre l’Egypte antique en toile de fond n’est pas incohérent lorsqu’on connaît l’univers et l’est encore moins au vu des révélations divulguées au fils des pages. De plus, le lien entre les Stryges et cette époque est amené.
Les explications concernant cette partie historique sont fluides, intéressantes et collent avec le personnage d’Alexandre Sardin qui relate les rites et coutumes lors de son investigation.
Lors de la lecture on sent que le scénariste à pris du plaisir à écrire un nouveau chapitre sur ces créatures avec une narration plus douce, bien qu’elle ne soit pas avare en rebondissements.
Enfin, bien que certains protagonistes semblent un peu effacés comme Alexandre, Corbeyran contraste avec le certes un peu rustre Bernat et surtout montre toute la malveillance de Weltman en fin de tome, ce qui laisse place à une galerie de personnages éclectiques qui apporte beaucoup à la narration.

Le dessin :
Tout d’abord qu’il est plaisant de retrouver, Richard Guérineau à la couverture de l’album, le dessinateur de la saga initiale réalise un dessin efficace teinté de mystère qui donne envie de découvrir rapidement le tome.
Nicolas Bègue réalise un album maîtrisé avec un trait détaillé et réaliste qui correspond parfaitement à aux ambiances des différentes séries.
Lors de la découverte de l’album, le lecteur perçoit à quel point le dessinateur s’est approprié les créatures et ce qui semble naturel lors de la lecture témoigne du potentiel travail de ce dernier pour s’harmoniser avec tous les aspects de l’univers.
Le travail de recherche semble aussi considérable quand on voit les planches en Egypte mais c’est surtout celles lors de l’arrivée sur les quais de Marseille qu’il montre avec fidélité la vie a cette époque. Il est de même pour la capitale, Nicolas Bègue parvient à retranscrire fidèlement le tumulte de l’académie des sciences comme l’effervescence de la cité bouleversée par l’industrialisation. Les décors sont sublimes et on se prend à s’attarder autant sur les monuments d’une ville que sur un huis clos dans une bibliothèque tant les cases regorgent de détails.

La Légende des Stryges est plus qu’un album, il est une retrouvaille avec un ancien compagnon du neuvième art mais aussi une promesse pour d’autres de découvrir un univers fabuleux. Ici, Corbeyran ne se compromet pas dans la facilité tant l’album sera analysé et nous pose avec Nicolas Bègue une nouvelle pierre à la pyramide dessinée du Chant des Stryges.

Par Vivien Arzul.