Tough - L'héritier du dragon 1
Tough - L’héritier du dragon

Tough - L’héritier du dragon 1 Critique de Vivien Arzul

Parution: 10 septembre 2025
1 édition recensée
Ryusei, 18 ans, possède l’esprit d’un dragon. À la mort de sa mère, il laisse exploser sa rancoeur contre son beau-père, et quitte la maison brutalement. Ryusei décide alors de partir à la recherche de son père biologique. Son géniteur s’avère (…)

Dans la grande majorité, les titres, lorsqu’ils sortent de la tête de leur créateur, n’ont pas pour vocation d’être des sagas parcourant les décennies. Quel lecteur aurait pu imaginer que Tough, un seinen sur la lutte et les sports de combat en tous genres, serait encore là plus de trente ans après sa création ? Avec trois séries, des hors-séries et plus de cent-dix tomes sur des affrontements spectaculaires sur fond d’opposition et de révélation sur l’école du Nada Shin-Shinkage, la série revient enfin en France avec sa troisième partie, L’héritier du dragon.

L’histoire en deux mots :
Ryusei est un jeune homme de 18 ans qui apprend après l’agonie de sa mère que son père biologique n’est autre qu’un monstre, un démon, un mythique combattant craint par tous : Kiryu, le dragon Railleur. Après cette annonce, il renie son père adoptif et son sang de combattant ne lui ordonne qu’une chose : trouver le démon et l’affronter comme tous ceux qui se dressent en face de lui.

Le scénario :
L’amorce du récit est très prenante lorsqu’on découvre la vie familiale de Ryusei. Bien que ce soit fugace, on perçoit l’importance de sa mère et l’impact de la froideur de son père adoptif qui vont déterminer les choix du jeune homme à la disparition de cette dernière. Ces faits donnent une profondeur bienvenue au personnage et se trouvent dans la lignée des personnages de la saga. Le choix de l’auteur de faire planer l’ombre du père est une bonne idée avec un rebondissement que les fans de la saga trouveront prévisible, mais qui aura une importance dans les combats et événements à venir.

Au fil des pages, il est indéniable qu’on se retrouve en terrain connu avec des mécanismes déjà utilisés lors des précédents tomes avec le rôle de Seiko en mentor, mais le potentiel entre sa relation avec Ryusei et la part d’ombre sur les liens familiaux laissent entendre de l’inédit.

Enfin, pour cette nouvelle saga, l’auteur apporte plus de profondeur à tous ses protagonistes et l’on perçoit son envie de leur faire dépasser leur simple rôle de combattant.

Le dessin :

Tetsuya Saruwatari est un maitre du réalisme, et même si on est hermétique aux sports de combat, on ne peut qu’être admiratif de la finesse de son trait. Le dessinateur parvient à saisir parfaitement l’intensité et la conviction des regards des combattants avant leurs affrontements.

Il n’épargne pas le lecteur des conséquences des duels avec des cases marquantes qui montrent sans détour le sang jaillir et les stigmates des combats et certaines cases bien sanguinolentes font penser que le dessinateur pourrait très bien évoluer dans le registre horrifique. Mais ce qui frappe, c’est le réalisme dans la retranscription de l’impact des coups, le lecteur perçoit leur puissance à travers les cases et donne une dimension épique aux oppositions.

Les cadrages sont un modèle du genre, le dessinateur fait preuve d’une grande précision, ce qui accentue l’effet de certaines scènes, comme avec l’arrivée de Seiko sous l’ombre de Kiryu.

Enfin, les scènes d’action sont magnifiquement chorégraphiées et, bien que certaines techniques comme le glisse-balle du Nada Shin-Shinkage puissent paraître exagérées, cet effet est vite contrebalancé par l’effet épique et noble qui se dégage de la pleine page.

Tough, l’héritier du dragon plaira bien évidemment aux aficionados de la série qui trouveront plaisir à voir l’évolution des protagonistes qu’ils ont connus auparavant. Mais c’est aussi une bonne amorce pour découvrir l’univers, l’auteur donnant les informations essentielles au fur et à mesure. C’est surtout une nouvelle saga qui, bien que toujours centrée sur les combats, laisse une part plus importante à la profondeur des personnages, ce qui donne une dimension plus mature à la saga.

Par Vivien Arzul.