Obara - Chroniques des abysses
Oneshot

Obara - Chroniques des abysses Critique de Vivien Arzul

Parution: 8 février 2024
1 édition recensée
Obarakataï est la terre sacrée des Priosths, des entités divines millénaires qui font l’objet de toutes sortes de croyances auprès des cités et des populations environnantes. Tanith, une jeune émissaire, y est envoyée pour remettre les offrandes (…)

Ce n’est un secret pour personne, le manga est un succès éditorial sans précédent. De nombreux jeunes auteurs sont inspirés par des œuvres nippones et se tournent vers ce type de format pour nous offrir leurs histoires. C’est le cas du mangaka français Eruthoth qui nous propose de découvrir son univers avec Obara, chroniques des abysses chez les éditions La Nouvelle Hydre.

L’histoire en deux mots : Tanith a une mission, une quête sacrée : amener une offrande inestimable pour sauver son peuple. Cependant, cela va prendre une tournure bien différente : faite prisonnière sur un bateau de pirate, elle va se retrouver sur l’île convoitée après une tempête. Elle va y rencontrer un mystérieux gardien qui va l’aider à échapper à ses geôliers et appréhender le sanctuaire divin qu’elle cherchait.

Le scénario : L’histoire étant un préquel, elle permet de nous immerger doucement tout en nous invitant à découvrir les enfants des abysses. Avec un point de départ simple, l’auteur détaille son univers avec ses croyances, une mythologie fascinante qui se révèle être un des moteurs du tome avec une narration douce. En effet, bien que l’histoire soit parfois dense, le scénariste ne la rend pas pour le moins indigeste, que ce soit avec les rapports humains ou le poids de la quête. Il ne se perd pas dans le superflu et parvient à toujours garder le lecteur alerte.
Ce dernier s’amuse à multiplier les contre-pieds scénaristiques en emmenant son lectorat sur différentes pistes, ce qui apporte un rythme incroyable. La construction des personnages n’est pas en reste, ils sont de suite attachants et l’auteur lève doucement le voile sur eux avec efficacité en livrant en fin de volume des personnages accomplis que nous aimerions retrouver. Les liens qu’ils construisent et qui les unissent sont bien décrits et donnent au récit une dimension teintée de douceur et de sincérité qui souligne la richesse du tome. Enfin, l’évolution du récit vers une bataille épique apporte un plus indéniable : on est happé par ce combat dantesque qui nous emmène avec puissance vers une fin ouverte touchante.

Le dessin : À la découverte du tome, nous sommes frappés par la beauté de la couverture avec une mise en couleur délicate qui nous invite à découvrir cet univers aux multiples aspects. L’auteur a voulu soigner chacun des environnements présents dans l’album, que ce soit le début lors de la tempête en mer où il a su monter parfaitement la dangerosité du déchainement des éléments. La nature fantasmée de l’île est aussi parfaitement retranscrite avec ses arbres gigantesques et ce labyrinthe végétal qui appuie la confusion de certains personnages.
Mais là où le dessinateur excelle, c’est dans la réalisation des créatures présentes sur l’île, il bascule avec ces dernières dans un registre horrifique. En plus d’être terrifiantes, elles apportent un véritable plus avec des jeux d’ombres et des cadrages dynamiques montrant leurs forces, leur intelligence ou leur violence débordant de vices. Le dessinateur gagne en maturité au fil des pages et l’ébauche de ces monstres de cauchemars en est un peu le l’apogée, car on s’en sent véritablement à l’aise dans ces cases où chaque case est un bonheur de mise en scène dantesque.

Obara, les Chroniques des abysses est un très bon préquel à un univers riche tant scénaristiquement que graphiquement, mais c’est surtout un excellent ambassadeur du manga français. Après la lecture de ce tome, hormis l’envie de découvrir la série régulière, c’est l’envie de découvrir l’auteur dans un autre registre, tant son potentiel est intéressant.

Par Vivien Arzul.