Petit Derrière de l’Histoire (Le) 3 Critique de Vivien Arzul
Dans le petit monde de la bande dessinée, il y a des projets ou des personnages qui collent à la peau de leur créateur tant il représente pour eux. C’est le cas de la belle Marie et de son petit derrière de l’histoire dont j’avais déjà parlé sur le site. La suite de cette série très sympathique a-t-elle su garder sa fraîcheur ? L’amour que porte Katia Even pour son personnage transcende-t-il le récit ? Et bien d’autres questions en suspens auxquelles je vais tenter de répondre à travers cette petite chronique.
L’histoire en deux mots : Toujours trimballée à travers les affres du temps, Marie est cette fois-ci dans un étrange sous-marin et après l’essai d’une surprenante machine à plaisir, une véritable petite mort conduira la jolie demoiselle à influencer les hommes à travers les âges. Mais où et quand s’arrêtera-t-elle ?
Le scénario : Le petit derrière de l’histoire aborde un virage plutôt différent. Bien que l’érotisme existe toujours en toile de fond, Katia Even laisse une plus grande place à Marie, ses réflexions et son impact. Les scènes coquines, sans être anecdotiques, ont moins de portée que les actes de la jeune protagoniste. Cette métaphore souligne de nouveau l’importance des femmes dans l’histoire des hommes.
Bien que présenté précédemment, ce trait du personnage s’affirme davantage dans cette suite et donne une plus grande dimension à cette dernière. De plus, les scènes d’introspection ou de doutes apportent plus de corps à Marie et l’on sent la volonté de la scénariste de montrer plus qu’un personnage qui fornique joyeusement.
L’humour est toujours aussi bien distillé, que ce soit avec l’espièglerie de Marie lors des ébats, ou des dialogues décalés de certains personnages qui sont véritablement savoureux. On retrouve avec plaisir cette trame scénaristique atypique qui nous fait voyager d’une époque à l’autre et d’un grand homme à l’autre, mais Katia Even ne s’est pas reposée sur cette bonne recette : elle apporte à sa muse plus de questionnement et surtout nous livre un dénouement qui laisse présager un final haut en couleur.
Le dessin : Plus les cases s’enchaînent et plus l’on perçoit la passion de la dessinatrice à mettre en scène la jeune femme. Ce lien intime entre créatrice et créature donne des planches maîtrisées où elle s’amuse avec la mise en page à mettre son personnage dans toute sorte de situation. Ces pages changeantes apportent énormément au rythme de l’album et montrent la maîtrise des codes du neuvième art de la part de Katia Even. La couverture est une nouvelle fois superbe et invite le lecteur à plonger dans les aventures coquines de Marie. Après la lecture de ce nouvel opus, c’est l’évolution graphique qui nous frappe. Certains regards sont véritablement frappants de sincérité et on sent le trait plus léché et précis tout en étant presque naturel, montrant le lien étroit entre le personnage et sa dessinatrice.
Ce nouveau tome du Petit Derrière de l’histoire est dans la continuité des précédents et confirme son lot de bonnes idées. Ce prélude à la fin de la série pourrait aussi passer un cap graphique pour le plus grand bonheur de nos yeux tout en offrant une intrigue véritablement plaisante.