Merveilles (Les)
Oneshot

Merveilles (Les) Critique de Vivien Arzul

Parution: 16 février 2024
1 édition recensée
Dans un monde obscur et désormais dépourvu de toute vie végétale, de petits lutins s’affairent pour planter de petites boules lumineuses qui s’épanouissent en plantes afin de sauver le monde. Mais face aux responsables politiques, qui (…)

La bande dessinée est un laboratoire en constante effervescence et permet à bon nombre d’auteurs et d’autrices d’expérimenter et casser les codes pour faire passer leurs idées tout en jouant avec le format. Les Merveilles de Marta Cunill est ce type d’ouvrage, entre le livre pour enfant et la bande dessinée tout en étant un bel objet grâce au très beau travail de Bang Éditions.

L’histoire en deux mots :
Dans l’obscurité, une petite sphère lumineuse fend les ténèbres ; à l’intérieur, une plante grandit jusqu’à sortir de sa chrysalide de verre. Après s’être déployée, elle est brûlée et finit en cendre. Dans un monde où ces Merveilles sont en proie à un danger constant, des petits êtres vont tout faire pour que la nature retrouve sa place dans ce monde bétonné où le profit règne en maître.

Le scénario :
Marta Cunill livre ici tout en subtilité une superbe allégorie écologique, elle montre à travers un scénario efficace la vulnérabilité de la nature face à des comportements dangereux à son égard. Bien que la bande dessinée semble destinée à un jeune public, le scénario possède une véritable profondeur et peut avoir un impact selon l’âge du lecteur. La scénariste a su développer son récit tout en douceur, un peu comme un conte permettant une lecture fluide, mais à la fois très addictive.
Pour autant, l’autrice n’a pas réalisée un récit mièvre ; elle dépeint avec un réalisme surprenant le comportement des chefs de gouvernement et l’influence néfaste qu’elle peut avoir sur la société, elle émet une critique maligne de la nôtre sans être trop moralisatrice. Le fait de conjuguer un monde similaire au nôtre et un monde de fantaisie donne au propos une autre dimension au récit et apporte une harmonie qui ne nous quitte pas, même une fois la dernière page tournée.

Le dessin :
Le trait de Marta Cunill est un enchantement dès les premières pages, on se retrouve happé dans une véritable bulle de douceur où l’on observe et appréhende cette Merveille qui pousse grâce à un découpage simple et efficace. La candeur de ce dernier est un bonheur à chaque case.
La dessinatrice a su trouver un équilibre parfait entre émotion et simplicité du trait, avec pourtant des cases fortes comme l’arrivée des Merveilles dans le monde des humains. Cette case très cinématographique vit presque au-delà de la planche tant elle reste en tête. La mise en couleur sur tons pastels accentue la douceur de l’album et nous plonge dans un véritable cocon tout au long de la lecture. Seule nuance : le rouge des flammes plus prononcé qui montre leur dangerosité et l’urgence de les éteindre.
Enfin, la sublime couverture est un véritable appel à la découverte de ce tome : son petit aspect grimoire attise de suite la curiosité et on souhaite instantanément en apprendre plus sur cette mignonne petite créature.

Les Merveilles est une merveille de bande dessinée. Tout est enchanteur et elle fait partie de ces albums qui restent en tête et qu’on souhaite partager. Porté par un dessin envoûtant, cet album parlera autant au jeune public qu’aux adultes qui seront happés par la magie de ce tome.

Par Vivien Arzul.