
Vendeur du magasin de vélos (Le) 1 Critique de Vivien Arzul
Le shojo est une catégorie du manga souvent liée aux jeunes adolescentes avec des douces romances innocentes, mais le lectorat changeant, il s’adresse aussi aux adultes avec des histoires un peu moins mièvres. Les éditions du Lézard Noir nous proposent, avec Le vendeur de magasin de vélo, un shojo d’Arare Matsumushi sur une trentenaire timide qui casse un peu les codes du genre.
L’histoire en deux mots : Tomoko est une jeune fille réservée avec une vie sentimentale floue. Elle n’ose pas refuser les avances de son responsable ni les invitations de certains collègues, car elle est trop timide pour cela. Mais une rencontre avec un mystérieux vendeur de vélos va la bouleverser, ainsi que sa manière d’appréhender les rencontres amoureuses.
Le scénario : Arare Matsumushi construit une histoire qui prend son temps en se concentrant parfois dans les détails sur les rapports humains et la mécanique des sentiments. Bien que le personnage de Tomoko dit Panko dans la série soit une trentenaire avec une vie établie, elle ne diffère pas émotionnellement d’une adolescente : elle est très réservée, un peu gauche avec les sentiments, mais attachante malgré tout.
Avec ce personnage un peu déconcerté mais honnête, l’auteur évoque les relations sentimentales un peu compliquées au Japon entre pression de la hiérarchie, mais aussi sociale, où elle montre l’importance d’avoir une situation sentimentale stable à son âge. La rencontre avec Takahashi, sans être exceptionnelle, montre la force des rencontres du hasard et leurs impacts dans une vie.
Néanmoins, le rythme de l’histoire est, à l’image de son personnage principal, assez irrégulier. La scénariste se perd parfois un peu dans l’introspection de ses personnages et pourra la rendre pour certains lecteurs un peu stagnante. Mais ce rythme parfois un peu haché est éclipsé par l’évolution de la relation entre les deux soupirants qui, sans être révolutionnaire, plaira aux fans du genre ou aux romantiques en herbe.
Le dessin : Le trait d’Arare Matsumushi est sans nul doute un élément déclencheur dans la découverte de cette série, tout d’abord avec cette couverture épurée, mais qui avec ses couleurs superbes interpelle et nous livre en un clin d’œil l’ambiance de l’album. Les premières pages en couleurs nous montrent toute la puissance du trait de la dessinatrice et donnent une chaleur et une énergie merveilleuses à ces dernières en nous faisant presque regretter que le tome ne soit pas totalement en couleur.
Le style graphique est à mi-chemin entre une l’ambiance graphique propre au manga des années 80 et quelque chose de très contemporain. Bien que certaines planches soient très contemplatives avec de nombreux échanges de regard, la dessinatrice se réapproprie les codes du shojo en montrant de la romance sans les codes graphiques un peu gnangnan propres au genre. La mise en page est dense avec des planches souvent abondantes de cases montrant la démarche de l’auteure d’être au plus près de la description sincère du quotidien de ses protagonistes.
Le vendeur du magasin de vélos est un shojo agréable qui, sans être révolutionnaire, est une agréable découverte. Néanmoins, les allergiques à la romance ne trouveront pas leur compte dans cette série aux nombreuses qualités, mais il peut être une bonne porte d’entrée dans le shojo contemporain.