
Et ils eurent beaucoup d’emmerdes... Critique de Vivien Arzul
Les contes de fées sont une source inépuisable d’inspiration pour les auteurs de BD. Nombreux sont ceux qui ont réinterprété ces histoires mondialement connues en jouant avec les codes du genre. Mais le champ des possibles est si grand que Mab a choisi de s’attaquer avec un humour corrosif à cet univers enchanté pour le passé au vitriol. Avec Ils eurent beaucoup d’emmerdes, l’auteur nous offre une vision délicieusement irrévérencieuse des contes pour enfants
L’histoire en deux mots :
Pour La belle au bois dormant, Boucle d’or ou encore l’ogre, que se passe-t-il une fois que le conte est fini ? Certains vieillissent et espèrent retrouver leur jeunesse, d’autres connaissent le bonheur de la parentalité avec son lot de problèmes : c’est la vie des rejetons de ces héros d’enfance que nous allons découvrir. Comment réagirait le fils du Petit Poucet face à son père grabataire et incontinent...
Le scénario :
Bien que l’idée de base ne respire pas la grande prise de risque scénaristique, Mab parvient avec ingéniosité à jouer avec les codes du genre pour en faire une histoire véritablement drôle et contemporaine. Tout est fait pour dérouter le lecteur avec des idées comme celle du Petit Poucet qui sont totalement savoureuses. Le rythme est particulièrement soutenu et on ne s’ennuie pas un instant. De plus, aucune des histoires ne fait de l’ombre à l’autre, leur qualité étant toujours égale dans leur humour. On se retrouve à avoir hâte de la découverte de la prochaine pour voir jusqu’où va aller l’inventivité du scénariste. La galerie de personnages est riche et changeante. De plus, vu le nombre important de contes, inutile de dire que l’auteur en a encore sous le pied pour un autre tome.
Le dessin :
L’ambiance graphique est un petit bonheur visuel, les cases sont riches et débordent de détails humoristiques. En effet, le dessinateur a su parsemer à bon escient bon nombre d’éléments qui appuient la force comique d’une histoire. On perçoit le grand travail de ce dernier pour que son dessin soit au service de l’humour, mais aussi le véritable plaisir qu’il a eu à construire ces planches. La mise en cases est aérée et permet une lecture très agréable et fluide, et l’auteur s’amuse aussi avec certains codes pour mettre l’accent sur ses gags pour le plus grand plaisir du lecteur. Après la lecture, il semble que le trait de Mab soit taillé pour ce type d’histoires. Avec son aspect un peu cartoon déconstruit, il nous plonge parfaitement dans cet univers loufoque.
Ils eurent beaucoup d’emmerdes est un tome particulièrement drôle. Dans la grande lignée des succès de Fluide Glacial, tous les éléments sont réunis pour en faire une série d’humour que les lecteurs prendront plaisir à retrouver album après album.