Hitler
Oneshot

Hitler Critique de Vivien Arzul

Parution: 25 janvier 2023
1 édition recensée
A travers la figure d’Adolphe Hitler, Pascal Croci propose au lecteur une véritable plongée dans les noirceurs de l’âme humaine. Un album dérangeant, fort, à la poursuite de l’indicible et du petit rien qui fait basculer un monde dans l’horreur.

L’empreinte chaotique qu’ont laissé Adolf Hitler et le nazisme est indélébile et marquera malheureusement pour toujours l’histoire de l’humanité... Nombreux sont les auteurs ayants parlés du dictateur et des conséquences de sa politique meurtrière afin de contribuer au devoir de mémoire, et c’est le cas de Pascal Croci qui, après avoir été salué par la critique et le public sur son album sur Auschwitz, nous revient avec un tome sur l’homme à l’origine ce drame absolu, Adolf Hitler.

L’histoire en deux mots :
Adolf Hitler portait en lui une haine viscérale contre les juifs, les vainqueurs de la grande guerre, les communistes et toutes les autres communautés qui ne correspondaient pas à son idéal aryen. Ce récit nous montre la transmission de cette haine qui va transformer certaines personnes en monstres, sous couvert de la politique nazie.

Le scénario :
Le tome n’est pas, comme la couverture le laisse envisager, un album sur la vie ou le destin d’Adolf Hitler, c’est en réalité une suite de récits qui traitent avec justesse des conséquences de ses idées. Ils abordent comment les idées de cet homme ont gangréné l’esprit de certaines personnes pour en faire des monstres cautionnant le meurtre, la torture et laissant leurs pires instincts prendre le dessus. Ces basculements dans l’horreur font froid dans le dos, surtout celui de la gardienne d’Auschwitz où Pascal Croci montre très bien le contraste entre la jeune fille réservée et la gardienne de camp sans pitié.
Ce sont des histoires qui nous montrent un autre aspect de la solution finale et de la politique d’Hitler avec une dimension plus intime et presque plus proche du lecteur avec cette suite de portraits de gens de prime abord des plus ordinaires.
L’auteur ne se contente pas d’évoquer les répercussions tragiques de la politique d’Hitler, il évoque la fascination qu’il provoque auprès des femmes avec une planche tout en contraste relatant ses discours belliqueux et l’admiration quasi amoureuse de certaines femmes.
Néanmoins, cette suite de récits sans chapitrage peu décontenancer le lecteur et laisse parfois le sentiment d’une narration un peu décousue, qui s’estompe après la seconde lecture.
Enfin, pascal Croci évoque en fin de tome avec brio l’importance et le poids du devoir de mémoire en mettant en opposition son travail et le comportement irrespectueux de certaines personnes qui se rendent dans les camps, multipliant selfies et photos instagramables dans ces lieux qui ont vu tant de vies se terminer dans la douleur et la peur.

Le dessin :
Le trait de Pascal Croci est une nouvelle fois en symbiose totale avec le récit. Il est difficile pour le lecteur averti de ne pas comparer ce tome avec Auschwtiz, et pourtant son trait très anguleux parvient avec justesse à retranscrire l’atmosphère des camps comme celle de haine qui s’empare des protagonistes. Il y a un je ne sais quoi dans la réalisation de ses regards qui nous transperce, le lecteur perçoit toutes les émotions des personnages avec certaines cases qui restent alors gravées en tête.
L’auteur a choisi judicieusement le noir et blanc pour retranscrire ce monde sans espoir avec toutefois des pointes de couleurs bien sentie qui apportent tantôt un soupçon de vie aux déportés ou permet de montrer l’omniprésence des nazis en mettant en couleur uniquement leurs drapeaux.
L’album n’est pas facile à parcourir tant l’auteur multiplie les planches chocs, notamment celle des charniers qu’il montre avec précision pour ne jamais oublier les horreurs des camps

Hitler est un album intéressant, un peu décousu de prime abord mais qui recèle des récits peu connus dans cette période trouble de l’histoire. Pascal Croci réussi une nouvel fois un coup de maître avec un tome visuellement superbe malgré le sujet, tout en nous offrant une belle réflexion sur le poids du nazisme et le devoir de mémoire.

Par Vivien Arzul.
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