
Premiers mois (Tes) Critique de Vivien Arzul
Le neuvième art n’est plus seulement une succession de cases et de phylactères, beaucoup d’auteurs contournent ses codes pour livrer un album qui leur ressemble. Que ce soit de la fiction ou des récits plus introspectifs, ils parviennent à réinventer le média pour donner une véritable part d’eux-mêmes. C’est le cas de l’album de Christophe Bataillon qui nous dévoile avec un joli petit livre illustré les premiers mois de son fils.
L’histoire en deux mots :
Voici l’histoire d’un désir, d’une attente, d’une arrivée, d’un apprentissage d’être père. C’est le récit d’une vie à deux. Enfin, c’est surtout une formidable histoire d’amour entre un père et son fils
Le scénario :
Ici l’auteur se met à nu et parle aux lecteurs à cœur ouvert de l’attente et l’arrivée de son fils. Il nous plonge dès les premières pages dans la brutalité de la séparation avec une explication de sentiment contradictoire qui prend le lecteur à la gorge. Nous sommes comme lui heureux et triste. Il explique très bien comment sa bulle de bonheur est gangrénée par son chagrin et comment ce petit être parvient à lui redonner le sourire.
Ce qui transpire dans ce récit dessiné, c’est l’authenticité... L’authenticité des situations, qu’elles soient intimes comme les premiers pas ou anodines comme un instant au parc, et surtout l’authenticité des sentiments qui fait que cet album est une formidable déclaration d’amour d’un père à son enfant.
Le lecteur passe par toutes les émotions avec cet album, tantôt triste pour le narrateur, tantôt ému. C’est surtout la sincérité entre le père et son fils qui touche le lecteur alors qu’il est spectateur de leur évolution dans ce récit doux et maîtrisé.
Le dessin :
L’ambiance graphique est à l’image du scénario, juste et presque évidente pour cet album. Ce carnet de voyage dans la vie d’un jeune papa qui trouve par le dessin un moyen de surmonter les épreuves rend chaque case d’une sincérité rare.
Chaque dessin possède une âme et chaque élément parait tangible, que ce soient les sourires de son fils, l’odeur des bois lors des ballades ou encore l’atmosphère de quiétude lorsque son enfant dort.
Le style graphique parfois change selon les pages et permet de voir les dessins faits sur le vif et ceux provenant de souvenirs. Ceux exécutés sur le moment sont plus réalistes et appuient la sincérité de l’album alors que les souvenirs sont plus en rondeur, avec une légèreté bienvenue.
La mise en page est comme celle d’un journal intime, avec des dessins de pleines pages qui permettent au lecteur de se délecter des fabuleuses illustrations. Ce procédé très immersif donne l’impression au lecteur d’être privilégié dans la découverte de leur intimité et renforce le lien avec les personnages.
Tes premiers mois de Christophe Bataillon n’est pas un album comme les autres, il transcende les codes du neuvième art pour nous offrir un témoignage d’amour d’un père pour son fils dans lequel beaucoup de lecteurs et lectrices se reconnaitront.