
Bleu du ciel dans ses yeux (Le) 1 Critique de Vivien Arzul
Le Shôjô, comme tous les genres du manga, évolue et se transforme pour parler à ses nouveaux lecteurs. Il ne se contente plus d’histoires d’amour impossibles pleines de non-dits, et c’est ce qu’ont bien compris les deux auteurs de cette série en parlant d’amour certes, mais aussi de relations familiales et d’amour de la musique.
L’histoire en deux mots :
Aoi Aoi est une lycéenne solitaire avec la musique pour seule compagne. Elle cherche l’accord parfait, c’est alors qu’elle se souvient : sa grande soeur et son premier amour qui lui a promis de lui apprendre à jouer de la basse, le cataclysme de la mort de ses parents, les larmes coulent... Mais un festival de musique dans sa petite ville pourrait tout bouleverser ...
Le scénario :
Cho-Heiwa Busters frappe fort dès le début du tome avec des moments très inenses émotionnellement, qui tissent un lien puissant entre le personnage et le lecteur. La mort de ses parents est dévoilée avec pudeur tout en rendant palpable la brutalité de la nouvelle, ce qui donne le ton tout en nuances de l’album.
Le tome se voulant être un Shôjô, l’amour est un fil rouge obligatoire, mais pourtant ici pas omniprésent. Il flotte grâce au souvenir de la soeur d’Aoi et les espoirs de certains personnages, mais ne connais pas de passage surchargé de mièvrerie, ce qui rend le tome tout à fait lisible pour les allergiques du genre.
L’énorme point fort du tome tient à son équilibre dans la retranscription des émotions, du poids du passé et la force des événements à venir ; aucun d’entre eux ne prend le pas sur les autres, ce qui rend la lecture très agréable.
Le dessin :
Yaeko Ninagawa possède un style tout en rondeur taillé pour l’exercice et donne des planches particulièrement réussies. L’auteure parvient particulièrement bien à rendre les moments de recherches d’inspirations en musique, le lecteur perçoit presque la bulle que la jeune fille crée autour d’elle lors de ces phases. La dessinatrice a su également appuyer et sublimer les moments d’émotions, figeant le temps autour de ses protagonistes souligner l’impact de ce qu’il se passe.
Le travail de trames est dans la norme, sans être exceptionnel. Il apporte un peu de dynamisme à un tome qui se veut assez contemplatif et, shôjô oblige, assez concentré sur les visages des acteurs de la narration, vecteurs des émotions du scénario.
Ce volume est un début de série sympathique, tout en retenue, qui se veut pleine de promesses pour les trois tomes annoncés. Un album doux et équilibré avec des zones d’ombre qui invite le lecteur à vite découvrir la suite.