
Coppelion 1 Critique de Vivien Arzul
Le manga ne cesse d’exploser et de rassembler un lectorat hétéroclite et de plus en plus nombreux. Les différents éditeurs redoublent de travail pour trouver, au pays du soleil levant, la nouvelle pépite qui va s’arracher dans les librairies. Voilà qu’un nouveau challenger arrive avec une nouvelle collection aux premiers tomes à petit prix : Noeve Grafx nous propose avec Coppelion une vision pas vraiment réjouissante du futur réalisé par le talentueux Tomonori Inoue.
L’histoire en deux mots :
Nous sommes en 2036 et le Japon a connu des années auparavant une catastrophe nucléaire sans précédent. L’intégralité de la région de Tokyo est contaminée par des radiations mortelles. Après des années de recherche, le gouvernement est parvenu à créer des humaines capables d’évoluer dans cet enfer radioactif. Leur mission : parcourir Tokyo et trouver d’éventuels survivants…
Le scénario :
L’auteur nous propose un récit à contre-pied des standards des histoires de sauvetages conventionnelles. Ici, pas de gros bras armé jusqu’aux dents, mais des jeunes lycéennes certes un peu clichées, mais qui donnent un peu de légèreté dans cette lourde ambiance.
Chacune d’entre elles apporte à l’ambiance du récit, que ce soit avec leur naïveté, leur impétuosité ou encore des moments d’une extrême humanité. L’auteur a su cibler les réactions que les lecteurs pourraient avoir dans de pareilles circonstances et crée ainsi du lien avec ses personnages.
La grande force de ce premier opus est sans nul doute sa narration extrêmement progressive, ce qui donne au lecteur cette impression de progression dans la ville ravagée avant de découvrir d’autres protagonistes et connaître des scènes d’action crédibles et bien construites.
La galerie de personnages est formidable et chaque découverte permet à l’auteur d’expliquer et rationaliser son univers, avec le colonel Mishima il permet de dévoiler comment le gouvernement tente de trouver des solutions à la crise et avec les survivants il montre leur ingéniosité pour survivre ainsi que l’impact psychologique d’une telle vie. Tomonori Inoue n’oublie aucun aspect dans ce premier tome et offre une introduction extrêmement riche avec des bases solides.
Le dessin :
Au-delà de ces qualités scénaristique indéniable, la série peut se vanter de posséder une ambiance graphique remarquable, avec une couverture parlant à tous, l’auteur ayant choisi l’artère centrale de la capitale japonaise pour montrer les conséquences de ce drame sans précédent.
La première chose qui frappe lors de la lecture, c’est la maîtrise de l’auteur dans la réalisation de cette atmosphère post-apocalyptique. Comme pour le scénario, il aborde progressivement sa vision chaotique. Il nous montre d’abord la nature qui a repris ses droits avant la désolation, puis l’horreur de la catastrophe. Le dessinateur est parvenu admirablement à montrer cette ville figée dans le temps par la mort en multipliant les petits détails et les cases.
La réalisation des personnages ne sort pas vraiment de l’ordinaire, mais l’auteur tire son épingle du jeu dans la réalisation des différents animaux et créatures croisés lors de la lecture, très soignés et qui témoignent du potentiel dé création de l’auteur en ce qui concerne la faune touchée par les radiations.
Le travail architectural de l’auteur est un bonheur de découverte, il est parvenu avec un réalisme saisissant à transposer la capitale en monde en ruine sans tomber dans la surenchère.
Enfin, les quelques scènes d’action qui parsèment cette exploration sont bien exécutées, apportant du rythme et du frisson au récit tout en montrant que le danger, au-delà des radiations, est omniprésent.
Coppelion est une série qui semble prometteuse, portée par un auteur complet qui a autant donné à son scénario qu’à son dessin et c’est cet équilibre qui rend le tome si agréable à découvrir. Bien vu de la part de la jeune maison d’édition qui nous permet de découvrir une nouvelle pépite de la bande dessinée nippone.