
Petit derrière de l’Histoire (Le) 2 Critique de Vivien Arzul
L’érotisme et la bande dessinée sont une vieille histoire d’amour, bon nombre d’auteurs ont su l’utiliser avec plus ou moins de zèle afin de titiller leur lectorat. Néanmoins, pour le public, l’érotisme quel qu’en soit le support rime souvent avec une pauvreté scénaristique et se montre juste un prétexte pour observer de jolis corps nu.
Katia Even à décidé de dépoussiérer les codes de la bande dessinée coquine en faisant vivre une nouvelle fois une aventure friponne à son héroïne où l’amour a une véritable incidence sur les grandes révolution de notre histoire.
L’histoire en deux mots :
Après avoir rencontré lors d’une soirée arrosée de vodka grenadine un obscur inventeur, Marie se retrouve bloquée dans les couloirs du temps et va se devoir faire face à certains des plus grands hommes de notre histoire.
Mais derrière chaque grand homme, il y a une femme... Et si cétait Marie qui les avait inspirés durant certaines étreintes intimes ?
Le scénario :
Le petit derrière de l’histoire n’est pas qu’une énième bande dessinée coquine se servant de la bagatelle pour appâter le lecteur, la sexualité ici porte les différents messages de la série.
La bonne idée scénaristique du tome est, comme dans le premier, de faire vagabonder parfois pour seulement quelques cases l’héroïne à une époque particulière, expliquant peu ou pas le contexte, mettant le lecteur sur un pied d’égalité avec le personnage en le désorientant tout autant. Ce sentiment de trouble est atténué en fin de tome dans une annexe dessinée où Marie nous explique avec justesse les divers protagonistes historiques croisés au fil des pages. Ce petit complément est véritablement intéressant, apporte du crédit à l’album et donne envie par la suite d’en savoir plus sur Nikola Tesla notamment.
L’humour dans le tome tome est savamment distillé, que ce soit avec le franc parlé de Marie ou les situations farfelues que la demoiselle traverse. Katia Even parvient avec malice à rendre certaines découvertes historiques comiques comme l’invention des bols en terre cuite. Le rythme soutenu apporte un plus indéniable sans compromettre la compréhension du récit
L’appétit sexuel du personnage est aussi un des ressorts humoristiques de l’album, tous les prétextes sont bons pour une partie de jambes en l’air et faire découvrir un élément important à la personne qu’elle rencontre.
Marie n’est pas qu’un personnage volage, elle véhicule beaucoup de valeurs positives, elle est intelligente, débrouillarde, passionnée et son idylle avec un protagoniste lui apporte de la profondeur. Elle cristallise un peu toutes les femmes qui ont été derrière ou aux côtés de tous les hommes qui ont marqué notre histoire.
Le dessin :
Le trait de Katia Even a quelque chose d’attachant, les personnages très cartoonesque sont un bonheur à découvrir au fil des cases. La dessinatrice a pris un soin particulier dans la retranscription de leurs expressions faciales notamment, une mention spéciale pour les cases avec Nikola Tesla où l’on voit à travers le regard de l’héroïne tout l’amour et l’admiration qu’elle lui témoigne.
Les cases coquines sont certes explicites mais ne forcent pas non plus le trait et montrent une nouvelle fois que l’érotisme sert le récit avec des scènes très courtes et d’autres plus douces et lascives qui expriment la tendresse du moment comme c’est le cas avec Rosalind.
L’album n’est pas qu’une succession de passage érotique la dessinatrice à pris soin d’y placer des scènes d’actions, des courses poursuites, elle n’est pas non plus fainéante dans la réalisation des décors. Alors que certains auteurs de bande dessinées érotique s’attardent davantage sur la réalisation du corps, la dessinatrice nous livre des cases aux arrière-plans superbes qui donnent du cachet a cette série.
Les couleurs de Marina Duclos sont très réussies et en parfaite corrélation avec l’univers de l’album. Les effets lors des voyages temporels sont impeccables et aident le lecteur à plonger dans les méandres du temps.
Enfin, on sent lors de la lecture l’immense plaisir qu’a la dessinatrice à faire évoluer son personnage et le lien étroit qui les uni. Pour la petite histoire, le personnage de Marie s’est imposé à l’auteure après moultes réflexions et elle est née presque instantanément sur le papier.
Le petit derrière de l’histoire n’est pas qu’une petite bande dessinée coquine de plus, c’est une série réfléchie, un peu engagée en sous texte, qui fait état du lien étroit entre une auteure et son personnage. Une série ou l’on voyage, on apprend, on sourit, enfin une série dont on attend surtout une chose.... la suite !