
Face A Critique de Vivien Arzul
Le temps qui passe et le bilan d’une vie sont souvent de bonnes sources d’inspiration pour les scénaristes de tous bords ; et certaines séries sur ces sujets sont de véritables cartons en librairie. Sans vouloir marcher sur les plates bandes des Vieux Fourneaux, Phil Castaza livre un récit touchant et rock and roll sur le troisième âge loin des images pantouflardes que l’on peut avoir.
L’histoire en deux mots :
Jean-Pierre et Georges sont de vieux amis mais voilà plus de vingt ans qu’ils ne se sont pas vus. Les voici à l’aube de leurs 73 ans et Georges profite d’un faux prétexte pour revoir son vieux pote. Après une soirée alcoolisée et rock and roll, les deux amis décident de montrer qu’il ne sont pas encore bon pour la casse en refondant leur groupe musical.
Le rock and roll le vrai n’est pas mort, tout comme eux, et ils ils veulent le montrer à tous ceux qui les voient déjà à l’hospice.
Le scénario :
Phil Castaza ne s’est pas contenté raconter le derniers défi de deux fans de rock ayant leurs belles années derrière eux, il aborde avec beaucoup de justesse ce que l’on perd avec le temps, il pose un voile pudique sur la mort de la femme de Georges sans la rendre anecdotique il montre la fatalité que cet homme a dû affronter. Il a su montrer aussi le regard des plus jeunes sur le troisième âge relégué par l’inconscient collectif à l’inactivité ou aux activités restreintes comme le bridge ou le scrabble.
Cette critique à peine voilée est le point de départ d’une aventure que chacun aimerait vivre. Ce tome est un hymne à la vie, à vivre ses passions tant que cela est possible et surtout une déclaration d’amour au rock et à ses groupes mythiques.
L’album respire la passion pour ce genre musical, l’auteur ayant parsemé le tome de références qui donnent envie de découvrir ou redécouvrir ces morceaux des légendes. Le rock and roll permet également de faire vivre de très belles émotions au lecteur avec le personnage de Jean-Pierre que l’âge fait tout oublier sauf le rythme de ses morceaux préférés.
Les personnages sont attachants avec leurs failles, leurs exaltations par moment mais surtout leur complémentarité.
Le dessin :
il y a quelques choses de plaisant dans le trait de Phil Castaza, un je ne sais quoi de chaleureux qui fait qu’on se plonge avec plaisir dans les pages de ce dyptique. Les personnages ont une espèce de lueur dans le regard qui les rend immédiatement sympathiques. Le dessinateur a su à merveille retranscrire la nostalgie et l’amour pour la musique de ses personnages avec des cases marquantes comme lors de la découverte de la pièce de Georges et surtout de parvenir à montrer le retour à la vie des deux hommes une fois un instrument à la main.
Dans cet album, pas d’arrière plan ostentatoire ni d’architecture incroyable, le dessinateur s’est concentré sur les hommes et les femmes qui composent l’histoire et permet ainsi une juste retranscription de leurs émotions tout en tissant un lien presque intime avec le lecteur et ces derniers..
La mise en page aérée permet une lecture fluide mettant en exergue les passages impactant du tome mais accentue un peu le sentiment que l’album se lit un peu trop vite tant on s’attache à cette surprenante équipe.
Sold Out est une très bonne surprise qui mérite qu’on s’y attarde avec ses personnages attachants, leur défi un peu fou et se montre plus profond de cases en cases. Georges et Jean-Pierre sont loin loin d’être épuisés et leur énergie communicative apporte au lecteur l’envie de les retrouver très vite.