
Potes (Les) Critique de Vivien Arzul
La bande dessinée est joueuse avec le temps, elle n’a cessé d’évoluer, de se réinventer et de casser ses codes pour devenir une forme d’art protéiforme regroupant bon nombre de genres.
Nous connaissions les carnets de voyages qui permettaient à un auteur de partager une expérience de voyage, Mademoiselle Caroline nous propose un carnets d’aventures ordinaires en retraçant son quotidien et croquant avec malice ses potes et sa vie de femme épanouie du XXIème siècle.
L’histoire en deux mots :
Pas de trame narrative à proprement dit, mais une chronique du quotidien sur l’amitié, avec des anecdotes douces et croustillantes qui nous ressemblent.
Le scénario :
Dans cet album, l’auteure se raconte avec sincérité et humour et nous fait vivre un peu de son intimité avec ses potes. Des potes de soirée en passant par les copines dessinatrices, tout y passe pour notre plus grand plaisir.
La dessinatrice se raconte sans concession et partage les chansons paillardes avec les copines du rugby et leur vie décomplexée. Elle les raconte d’un regard complice sans vulgarité, elle évoque aussi les amis qui souhaitent aller plus loin, avec des retranscription d’amour tendre à sens unique. Toutes ces histoires sont presque des extensions du lecteur tant elles lui parlent.
Ce qui transpire à la lecture c’est l’authenticité et la justesse des anecdotes car même si la scénariste passe d’un thème à l’autre, on découvre avec plaisir ces tranches de vie. La scénariste a intelligemment parsemé le tome d’annotation bienvenues, expliquant des points méconnus comme des termes propres aux activités physiques qu’elle pratique. Elle revient aussi sur des expériences personnelles qui parleront à beaucoup, comme son expérience du tatouage qu’elle illustre à l’aide d’un listing hilarant.
Ce carnet de vie offre une lecture plaisante et la scénariste parvient à réaliser le tour de force de se raconter sans être nombriliste et offrir un bel hommage à ses amis.
Le dessin :
Le trait de Mademoiselle Caroline est éclatant sans être d’une démesure graphique des grandes plumes, il a un charme singulier qui séduit de page en page. Il se dégage des dessins une douce élégance qui porte le lecteur.
La mise en page inventive emprunte beaucoup au carnet de voyage avec des pages au dessin unique montrant l’importance d’un moment de vie ou d’un gag, et des pages jouant avec la multiplicité des dessins montrant avec humour le temps qui passe. La dessinatrice parvient avec un graphisme sans fioriture à une juste représentation des émotions et une utilisation des couleurs adapté qui va appuyer un sentiment ou autres.
Enfin, l’auteure a su utiliser judicieusement ses phylactères en en faisant presque un personnage à part entière, jouant avec les couleurs et les formes soutenant ainsi un effet comique ou dramatique.
L’album parlera un peu plus au femmes via certaines situations, mais il est un vrai plaisir de lecture et n’exclu pas les hommes qui vont retrouver dans ce carnet du quotidien leurs amies, leurs nanas, leurs soeur et surtout des histoires simples et universelles que chacun vit à sa manière.