
Anonyme ! 1 Critique de Vivien Arzul
Le Japon a beau avoir un des taux de criminalité les plus bas du monde, il n’est pas épargné par les vols et les meurtres violent et inspire de près ou de loin les mangakas de tous bords.
Avec anonyme Chikaa Kimizuka évoque un de ces faits divers violent en abordant la vision de la population sur les repris de justice et offre avec Ven Hioka un réflexion sur la justice sous toutes ses formes.
L’histoire en deux mots :
Takeshi n’est pas un lycéen comme les autres alors qu’il arpente les couloirs de son nouveau lycée, les autres élèves se détourne de lui et on peur de lui. La raison, Takeshi est un meurtrier et son acte a défrayé la chronique par sa violence. Après plusieurs années en maison de correction, il tente au lycée de retrouver une vie normale, mais la population la laissera t elle en paix et surtout pourquoi le collégien qu’il était est il passé à l’acte.
Le scénario :
Avec cette série le scénariste ne se contente pas d’évoquer un faits divers et ses conséquences il offre un choix morale aux lecteurs en lui demandant implicitement s’il aurait choisi la même voie que son personnage.
C’est l’occasion pour Chikaa Kimizuka d’évoquer des thèmes difficiles comme le harcèlement sexuel, le viol ou encore la frustration qui mène certains individu à ce genre d’acte. En choisissant cet angle, il fait certes de son jeune personnage un sauveteur ayant interrompu un viol certes mais un meurtrier dont les actes vont coller à la peau toute sa vie.
Le scénariste se permet ainsi d’aborder le système judiciaire japonais et surtout les conséquences et le poids de tels actes dans une société où l’honneur familial est en encore très présent. Il ne focalise pas uniquement sur les répercussions du meurtre sur son auteur ; il s’intéresse également à sa famille qui vit une fuite en avant perpétuelle pour échapper à la honte et aux harcèlements qu’engendrent un tel crime.
La psychologie de la famille est particulièrement bien travaillée, avec de véritables bouleversement après l’assassinat et la peine de prison du protagoniste principal et son calvaire durant l’incarcération.
Le personnage de Takashi ne fait cependant pas l’objet dans ce premier tome d’autant de profondeur, il est l’objet d’un long flashback et semble enfouir son ressenti sur la situation. Une bonne piste scénaristique pour la suite ?
Le dessin :
Yen Hioka possède un style assez passe partout, entre le seinen et le shonen, et son précédent travail sur une série shonen se fait clairement sentir. Néanmoins son trait a gagné en maturité et se transcende dans les scène de violence, saisissante de réalisme. On peut le voir voir avec la sublime couverture qui montre toute la fureur du crime ou encore lorsqu’il traîne son arme, hébété, répandant du sang partout derrière son passage. Visuellement, ce passage est très fort et marquera indubitablement le lecteur.
Le reste du tome reste assez commun, mais bien servi par une mise en page dynamique et des codes graphiques empruntés au shojo pour les scènes de romance de fin de tome, totalement justifiées par le scénario.
La mise en page se calque davantage sur un exercice franco-belge que nippon, et apporte énormément à la narration du manga en plaçant en retrait le dynamisme propre à la bande dessinée nippone pour des planches au service du propos.
Enfin, le tome attire les lecteurs par sa couverture qui capte le regard et interpelle par sa violence froide et les questions qu’elle pose.
Le premier tome de Anonyme ! est une excellente surprise, avec un scénario profond évoquant de nombreux thèmes portés par un personnage principal torturé, qui laisse entrevoir une suite complexe et intime. Une série à suivre tant son potentiel est prometteur.