
Petit traité de Vélosophie Critique de Vivien Arzul
Didier Tronchet est un auteur incontournable de la bande dessinée franco-belge qui a connu le succès avec son Jean-Claude Tergal. Il a ensuite exploré de nombreux thèmes pour les faire vivre en aventures dessinés. Il a ainsi ouvert des pistes de réflexions sur la dictature avec Houppeland, le déracinement avec Là-bas ou encore les relations père/fils.
L’auteur revient aujourd’hui avec un album où il pose de nombreuses pistes de réflexion via le prisme de l’une de ses passions : le vélo.
L’histoire en deux mots :
Le vélo n’est pas qu’un simple moyen de locomotion mais une philosophie, et à travers sa série de planches, Didier Tronchet se livre et livre son ressenti sur son rapport avec la bicyclette et ses bienfaits.
Le scénario :
Ce petit traité de Vélosophie est une déclaration d’amour à la petite reine et Didier Tronchet évoque à travers ce tome une série d’anecdotes qui parleront à quiconque ayant déjà posé le pied sur une pédale. L’auteur parvient avec une grande justesse à retranscrire les émotions vécues sur un vélo et parfois l’ébahissement et le bien-être qu’on en retire.
Chaque planche est un bonheur de lecture car l’auteur a su faire passer son message de façon claire, souvent avec un humour subtil très bien distillé à travers l’album. Cette légèreté renferme plusieurs messages en relation avec d’actualité en sous texte comme la critique de la surconsommation, la pollution ou encore l’avenir des énergies douce.
Pourtant, à travers son album Didier Tronchet ne se veut pas moralisateurs et expose ses idées sans jugement. L’auteur se raconte également à travers l’album avec des anecdotes personnelle, parfois touchantes comme son sentiment de retour en enfance lorsqu’il enfourche un vélo . Enfin, il évoque selon lui les bienfaits de la bicyclette avec un jeu d’opposition entre la facilité de la vie motorisée et la, certes plus fatigante mais satisfaisante, vie en vélo permettant de davantage apprécier l’effort, le climat et la nature.
Didier Tronchet ne se contente pas de faire une déclaration d’amour au cyclisme sous toutes ses formes dans ce tome, il en fait une à la nature, l’écologie et à sa propre histoire.
Le dessin :
Didier Tronchet reste fidèle à son trait si caractéristique duquel se dégage une indéniable poésie. Son trait efficace est fait pour ce genre de format dessiné et parvient en une case à faire ressentir bon nombre d’émotions aux lecteurs, comme la planche avec son fils bébé où l’on ressent l’excitation et le plaisir du bambin grisé par la vitesse.
Même si le dessin se concentre sur le propos, le dessinateur se permet de jolie cases aux environnements soignés, et on reconnaît furtivement les quais de Seine ou certains quartiers parisiens.
La mise en page en gaufrier est idéale pour ce style d’album et permettent une lecture claire tout en faisant passer facilement les idées et l’humour du tome
La mis en couleur est sublime, les couleurs douces et chaudes choisies en majorité dans le tome contribuent à la petite touche poésie qui se dégage de l’album.
Ce petit traité de vélosophie est à mettre entre toutes les mains, tant son propos en sous texte est universel et parlera aux lecteurs. La suite d’anecdotes est touchante, sublimée par le dessin si caractéristique de Didier Tronchet et vous donnera après sa lecture envie de découvrir le monde... à vélo