Stay away1
Stay away

Stay away1 Critique de Vivien Arzul

Parution: 19 février 2020
1 édition recensée
Ritsu a perdu son petit ami dans un accident. Alors qu’elle est brisée par le désespoir, Auguste, le dieu du temps, lui apparaît et lui propose de revenir trois ans avant l’incident. Pour sauver celui qu’elle aime, une seule solution : créer un (...)

Le monde du neuvième art japonais possède une richesse incroyable, les auteurs choisissant d’aborder absolument tous les thèmes qui leur tiennent à cœur. Cette catégorie de la bande dessinée a su également se diviser selon son public et s’adresser plus aisément à tous types de lecteur. Le shojo est un sous-genre s’adressant normalement aux adolescentes avec pour thème des romances aux multiples rebondissements, les Éditions Delcourt Tonkam dépoussièrent un peu ce dernier avec Stay away, une série surprenante où la mort et les amours interdites se conjuguent pour donner un shojo moderne.

L’histoire en deux mots :
Alors que Ristu vit le parfait amour avec son petit ami, un accident emporte ce dernier, laissant la jeune fille seule. Noyée dans une peine insondable, elle se voit offrir l’opportunité de remonter le temps pour sauver l’amour de sa vie. Mais tout a un prix et pour que l’homme qu’elle aime reste en vie, elle ne devra jamais renouer des liens avec lui sous peine de le voir disparaître à nouveau.

Le scénario :
Yu Misaki oscille entre plusieurs genres pour livrer un shojo résolument moderne en empruntant des éléments au fantastique, au drame ou, encore plus surprenant, au Shonen avec la construction du personnage d’Ichijo. Cette alliance insolite donne un récit fluide ponctué par une tension qui tient le lecteur en haleine tout le tome.
Le scénariste prend le lecteur un peu à contre-pied en structurant son début de tome comme une romance classique, puis introduit des éléments forts qui font comprendre les enjeux importants entre les personnages et leur passé commun.
En ce qui concerne la romance, même s’i elle correspond aux standards du genre, elle est moins mièvre, sans être moins sincère grâce aux éléments dramatiques. Le fantastique est distillé avec parcimonie et même s’il est indissociable du récit, il ne l’emporte pas sur le reste, laissant toute leurs places aux deux protagonistes et leurs histoires. Malgré des allers-retours fréquents entre le passé des deux personnages et le présent du récit, la lecture est fluide, les éléments évoqués dans le passé ne sont pas anecdotiques et montrent l’empreinte laissé par cet amour dans le cœur de la jeune fille tout en étant utile au récit.

Le dessin :
Stay away possède tous les codes graphiques du shojo, contrairement à son scénario qui se démarque du genre, son ambiance graphique les assume pleinement. De sa couverture avec ce jeune homme ténébreux entouré de pétales de fleurs aux espèces de bulles qui enveloppent les personnages lors d’un baiser ou d’une scène embarrassante, tous les codes du shojo sont respectés. Cette utilisation outrancière plaira aux amateurs et sera contrebalancée par un scénario plus nuancé en ce qui concerne la romance. On perçoit à la lecture du tome que Yu Misaki a voulu que seuls ces personnages principaux crèvent les planches, les autres acteurs de l’histoire sont oubliables, avec des représentations un peu fades. Seul le Dieu du temps avec sa conception kawaï tranche et reste dans la tête du lecteur en permettant de voir que le dessinateur peut sortir de ce style graphique doux et semi-réaliste. La retranscription des émotions est quant à elle une réussite, le lecteur perçoit chacune des émotions des personnages, que ce soit par leurs regards, leurs postures ou leurs gestes, ces éléments rendent cette romance au lourd passé crédible et palpable.

Stay away est un shojo qui plaira aux amateurs du genre comme aux curieux qui veulent s’y essayer avec son approche plus adulte de la romance. Son style graphique efficace épousant à merveille les codes du genre fait de cette série un excellent ambassadeur pour découvrir le shojo.

Par Vivien Arzul.
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