
Ultra Duck 1 Critique de Vivien Arzul
Le récit super-héroïque est indissociable de la bande dessinée américaine tant son empreinte est forte dans son histoire. Certains personnages sont devenus au fil des décennies de véritables icônes de la culture populaire. Difficile pour de nouveaux personnages de s’imposer dans cette mythologie et de gagner le cœur des lecteurs.
C’est pourtant le challenge relevé par Edgar Delgado, scénariste s’étant principalement illustré chez Marvel, qui utilise toute son expérience et celle de Omar Lozano pour nous proposer un nouveau héros qui saura faire écho.
L’histoire en deux mots :
Carlos est un jeune canard déboussolé, il vient de perdre sa petite amie et prend conscience que sa vie de petits boulots n’offre pas beaucoup de perspectives. Durant cette remise en question, un homme pourchassé fait irruption dans le bar et dans la précipitations laisse échapper son colis qui percute Carlos. Son contenu le métamorphose en lui apportant des pouvoirs surnaturels. Carlos va devoir faire face à de nouvelles responsabilités et ce transcendé pour être à la hauteur et devenir Ultra Duck.
Le scénario :
Edgar delgado livre ici un vibrant hommage aux récits de super-héros, il est évident que le lecteur de comics assidu se trouvera en terrain connu avec cette histoire revenant sur les origines d’un héros.
Cependant, pour un lecteur néophyte le tome constitue une porte d’entrée parfaite entre hommage et modernité pour entrer dans le neuvième art américain.
Le scénariste fait des allusions à Shazam avec cette entité magique qui confère des pouvoirs à personnes lambda pour en faire leurs représentants sur terre.
Cependant, le scénariste ne s’est pas contenté de construire une intrigue de super-héros comme aux prémices du genre, il a su étoffer son scénario de nombreux éléments qui le rendent plaisant à découvrir.
Le personnage de Carlos est une réussite, il est le lien fort entre le tome est le lecteur. Le scénariste l’a réalisé avec des problèmes contemporains permettant un investissement émotionnel important avec le lecteur. Son appréhension du danger, de sa condition de super-héros est également en adéquation avec notre temps. Ultra Duck est une sorte de passage à l’âge adulte qui ne fait pas de Carlos un héros mais un meilleur canard.
Les personnages qui gravitent autour de Carlos se révèlent également plus profonds au fil des pages et apportent à la richesse scénaristique, notamment, celui de Horace qui montre le pouvoir de corruption de ce type de pouvoir et l’aveuglement qu’il peut provoquer.
Le dessin :
L’environnement graphique est un bonheur, il projette le lecteur dans un univers familier et coloré qui fait pensé indéniablement aux canard de chez Disney. En effet, les ombres de Fantomiald et du travail conjugué de Carl Barks et Don Rosa planent sur ce tome qui se révèle être un hommage sincère à ces derniers.
Le style cartoon accentue grandement l’expressivité des personnages et permet de leur faire dégager un maximum d’émotions comme le montrent les nombreuses mimiques du canard super-héros. On perçoit sensiblement ses craintes, son assurance maladroite ou encore son incrédulité face à la situation. Cette juste représentation permet une identification importante avec le personnage.
Les choix graphiques pour les personnages sont très efficaces et poursuivent le travail d’hommage en utilisant à bon escient les codes du comic pour réaliser des personnages charismatiques, sans pour autant tomber dans la parodie.
Le découpage particulièrement dynamique se met au service du tome pour rendre toute l’énergie des affrontements et donner un rythme soutenu à ce dernier.
Enfin, le dessinateur n’oublie pas de montrer les enjeux et les conséquences de ces combats dantesques avec pour point d’orgue des planches faisant honneur à ce type d’histoire avec une gestion maîtrisée du mouvement rendant toute la fulgurance des combats.
Ultra Duck est bien plus qu’un comics, c’est un hommage au genre, une porte d’entrée dans cette univers qui parlera à tous. Wanga Comics a su dénicher un personnage charismatique et attachant que le lecteur uara hâte de retrouver une fois l’album terminé.