
Libraire jusqu’à l’os 1 Critique de Vivien Arzul
Le neuvième art et le monde du livre sont indissociablse d’une profession de passionnés, les libraires. Ces véritables encyclopédies du monde des bulles sont le dernier espoirs pour les lecteurs indécis.
C’est une immersion dans leurs monde que nous propose soleil manga avec ..., libraire de son état qui par son vécu livre un manga authentique et plein d’humour.
L’histoire en deux mots :
... est une libraire manga à Tokyo. Son travail lui permet d’évoluer dans le domaine qu’elle aime. Elle connaît toutes les habitudes de ses clients et regorge d’anecdotes amusantes sur ces derniers. Cette mangaka débutante s’amuse donc à croquer ses clients et livre sa vision du monde du manga et son évolution.
Le scénario :
Le tome se veut un peu comme un recueil d’anecdotes où la scénariste parle avec humour et tendresse de la vie agitée de libraire. Elle évoque sans détours la passion sans limite du lectorat occidental pour le Yaoi, ce genre relatant des histoires romantiques, voire plus, entre garçons. Elle y parle de son lectorat parfois hystérique qui voit les librairies japonaises comme l’endroit de leurs Graal personnel.
Elle retranscrit tous les comportements farfelus de clients parfois surprenants qui rendent le quotidien de la dessinatrice réjouissant tout en renvoyant le lecteur à son propre comportement en librairie.
Honda San aborde aussi les coulisses du métier de libraire avec ses difficultés, comme la gestion de l’affluence de nouveautés, les commerciaux insistants et le poids des cartons qui rendent le métier fatiguant, bien loin de l’image tranquille que l’on pourrait imaginer.
Le tome, bien qu’il n’ait pas de trame narrative propre, est d’une grande cohérence et la scénariste réalise un billet tendre de sa profession.
Le dessin :
L’ambiance graphique du tome est singulière, avec des personnages hauts en couleur. Que ce soit la dessinatrice qui se dessine avec une tête de mort ou ses collègues affublés de sacs en papier ou de masques à gaz, elle apporte une excentricité qui suscite l’intérêt du lecteur.
Le choix de la dessinatrice de se représenter en squelette colle avec le titre du tome et montre l’investissement majeur de la jeune femme pour son métier en montrant qu’elle est bien libraire jusqu’à l’os.
On perçoit que le tome est réalisé en plus de son travail de libraire car le graphisme oscille entre des illustrations soignées pour certains personnages et un trait plus nerveux qui montre l’urgence lors de la réalisation de certaine planches.
Le découpage quant à lui est très changeant et dévoile les humeurs de la dessinatrice lors de la réalisation de ses chapitres, mais cela ne gâche pas le plaisir de lecture.
Sans être époustouflant, le graphisme transpire la sincérité et montre l’immense plaisir qu’a pu avoir la dessinatrice à retranscrire sa vie de libraire.
Libraire jusqu’à l’os est une série atypique qui a le mérite de montrer aux passionnés de mangas l’envers du décor de leur lieu de prédilection. C’est aussi un témoignage de l’évolution du neuvième art japonais et de son empreinte dans le monde entier.
Une véritable curiosité, tendre et bien rythmée, qui permettra aux lecteurs de se retrouver un peu au travers de la série.