Premier chant

Premier chant Critique de Vivien Arzul

Parution: 8 janvier 2020
1 édition recensée
Homère aurait-il menti en chantant les exploits d’Ulysse ? Voici enfin rétablie la vérité, que les manuels d’histoire avaient honteusement oubliée ! Et si c’était Pénélope qui avait affronté les Tritons, les Cyclopes et autres monstres ? Et si (...)

Les récits homériques ont énormément influencé le neuvième art. Certains reprenant au pied de la lettre la célèbrent épopée, d’autres l’adaptant ou le modernisant pour la rendre plus attrayante aux yeux d’un public contemporain. C’est l’angle choisi par les auteurs de l’Odyssée de Pénélope qui ont choisi de faire vivre les aventures d’Ulysse à sa femme pour une série haute en couleur.

L’histoire en deux mots :
Pénélope a pris les voiles pour aller chercher son époux parti guerroyer à Troie. Les retrouvailles vont se transformer en véritables aventures qui vont la confronter, elle et ses amies, aux dieux et aux créatures mythiques qui vont tout tenter pour l’empêcher de retrouver la quiétude de son foyer.

Le scénario :
Bernard Swysen revisite avec malice les récits homériques pour les transposer avec un humour bien sent. Tout d’abord, le postulat est très drôle avec la volonté d’une épouse qui veut ramener son mari pour retrouver une vie familiale normale loin de tout danger. Ensuite, les événements connus des récits homériques s’enchaînent avec un humour très bien distillé. Le scénariste s’amuse avec la célèbre histoire du Cyclope, présenté comme un feignant loin de son image terrifiante. Il utilise à bon escient également le sort du personnage, utilisant sa cécité pour en faire des gags efficaces. Bernard Swysen a su articuler autour de son histoire toute une succession de personnages hauts en couleur qui rendent le tome plaisant à lire, avec des héroïnes modernes à contre-courant de l’époque décrite. On y retrouve pêle-mêle une héroïne courageuse et ses acolytes qui sont à leur tour nunuches, fonceuses ou réfléchies.
Ces protagonistes sont surtout l’occasion de rire de la dualité homme-femme et d’opposer la vision de la femme de l’époque à la nôtre. Les caractères des dieux aussi sont repris avec malice.

Le dessin :
Le trait de Christian Paty colle parfaitement à l’ambiance à la fois drôle et aventureuse du récit. Les dieux et autres créatures sont fidèles à la représentation que peut avoir le lecteur dans son imaginaire. Le dessinateur a su retranscrire toute leur puissance et leur dangerosité. C’est le cas notamment lors de la confrontation avec Poséïdon qui est véritablement saisissante. Le graphisme un peu cartoon de cette série est un véritable atout, car il souligne les gags et l’humour ambiant de l’album qui saura plaire à tous types de lecteurs. L’extrême expressivité des personnages est un autre ressort comique du tome et donne lieu à des cases facétieuses qui, en plus d’être drôles, appuient les caractères des différentes héroïnes. Le découpage est dynamique et se met au service des cases détaillées de l’album qui regorge d’éléments comiques que le lecteur prend plaisir à découvrir. La mise en couleur quant à elle est de très bonne facture et sublime certains passages, notamment celui où Poséidon devient une entité liquide au milieu de la mer

L’Odyssée de Pénélope est un tome plaisant à parcourir et se montre une réécriture contemporaine et pleine d’humour qui plaira autant au jeune public qu’aux lecteurs avides de lecture rafraichissante, le tout appuyé par un dessin particulièrement efficace dans ce registre d’odyssée comique.

Par Vivien Arzul.
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