Lame de fond
Venin (La)

Lame de fond Critique de Vincent Lapalus

Parution: 8 janvier 2020
2 éditions recensées
Emilie est recherchée et sa tête est mise à prix. Poursuivant sa fuite en tenue de nonne, elle est sœur Maria quand elle arrive à Galveston, au Texas. Elle n’est pas là par hasard, elle cherche le révérend Alister Coyle, celui-là même qui (...)

Après avoir descendu froidement Eugène Mc Crady, futur sénateur du Colorado dans le tome 1, Emily la venin plante sa tente à Galveston-Texas, dans le présent volume. Sa nouvelle victime se nomme Allister Coyle, révérend de son état et directeur d’un orphelinat pour jeunes filles.

Toujours décidée à venger la mort de sa péripatéticienne de mère, la demoiselle troque corset et Winchester contre un habit de nonne et une arme blanche afin d’obtenir vengeance et frapper de punition divine le père Coyle, une véritable crapule, allant jusqu’à abuser de ses petites pensionnaires sous le secret des religieuses de l’établissement, en plus de faire partie du groupe des cinq de la secte de Yale, responsables du destin funeste d’Emily.

La Venin emploiera la méthode expéditive pour se débarrasser de sa nouvelle cible, et affrontera une catastrophe naturelle. Toujours en cavale, pourchassée par Charlie Siringo et Tom Horn de l’agence Pinkerton. La belle trouvera une aide précieuse et un soutien sans faille de la part de son ange gardien apache Coyote Vagabond, l’ndien protecteur déjà présent dans Déluge de Feu qui en sait plus sur la cowgirl qu’il ne veut le faire croire. Emily n’en reste pas moins humaine, elle “embarque” Claire dans sa cavalcade, une petite fille qui en a vu de dures dans l’institution du saint-homme.

La vendetta est loin d’être de tout repos. Cette chevauchée sauvage menée par un personnage féminin fort, tenant le pavé aux cowboys les plus endurcis et distribuant les valdas comme des bonbons est une belle preuve de parité homme-femme et d’un féminisme assumé de la part des auteurs, à une époque qui ne s’y prêtait guère. La furie et cousine de la grande Calamity n’a pas fini de faire parler le canon de son arme.

Il est difficile de lancer un titre dans le genre très codifié qu’est le western., mais force est de constater que Laurent Astier s’en tire avec les honneurs. Rivalisant avec les grands feuilletonistes tels que Jean-Michel Charlier et Michel Greg pour les pionniers ou les plus récents Alejandro Jodorowsky et Xavier Dorison dans le domaine, l’artiste livre un titre classique mais contemporain, dynamique avec du rebondissement à la pelle et des dialogues justes et ciselés, assortis de flashbacks et mise en abyme, impeccables avec un bel équilibre quand le récit fictionnel croise le récit historique. Un dix sur dix au scénario !

Pour le dessin, Laurent Astier rejoint les créateurs d’images les plus talentueux. Jean Giraud, Hermann, Christian Rossi, François Boucq et Ralph Meyer sans être un copiste. Son trait est fin, élégant, fouillé, servant des plans serrés et d’autres plus larges. Une grande palette technique déployée, couplée à des couleurs ocres et terreuses pour un rendu qui sent la poussière et la chaleur des hautes plaines américaines tout en étant éclatant.

Lecteur/lectrice, ton top six western doit se composer de Blueberry, Comanche, Jim Cutlass, Bouncer, Undertaker et La Venin !

Par Vincent Lapalus.
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