
Birdmen 1 Critique de Vivien Arzul
Vega édition poursuit sa promotion du Seinen dans nos contrées avec cette nouvelle série prometteuse, oeuvre de Yellow Tanabe, autrice de la nouvelle vague qui donna un souffle nouveau au Shonen avec sa série laugther In The End of The world.
Avec Birdmen elle s’attaque au Seinen pour livrer au lectorat qui a grandi avec elle une histoire mature flirtant avec bon nombre de styles.
L’histoire en deux mots :
Eishi est un adolescent mal dans sa peau, et rien dans son quotidien ne lui apporte du bonheur, que ce soit sa famille qui ne le comprend pas ou encore sa vie au collège dans laquelle il ne se sent pas à sa place.
Une légende urbaine supposant l’existence d’un homme-oiseau inonde les réseaux sociaux et bientôt le mythe va se confronter à sa réalité et complètement bouleverser sa vie.
Le scénario :
L’auteure frappe très fort avec ce scénario très adulte dans un environnement adolescent. Elle a tout d’abord la bonne idée de réaliser un prologue faisant la part belle à Eishi en abordant chaque aspect de sa personnalité. Elle en profite pour évoquer des problèmes adolescents comme l’isolement, les conflits familiaux ou encore la peur de l’autre. Cette longue description permet d’impliquer émotionnellement le lecteur avec le protagoniste.
Cette mise en abyme dans le récit est un modèle du genre et immerge totalement le liseur dans l’intrigue.
Les différents personnages sont bien écrits et chacun d’entre eux possèdent des failles les rendant particulièrement attachant.
La deuxième partie du récit emprunte à la fois au Shonen et aux comics avec la maîtrise de leur capacité et leurs ressentis vis-à-vis de leurs changements de conditions.
La scénariste a su montrer les différentes étapes de ce changement et montre que ses pouvoirs bien qu’agréables auront un prix un jour ou l’autre.
Enfin, le personnage de l’homme-oiseau crève les planches par ses actions désintéressées et les valeurs qu’il transmet.
Le dessin.
Yellow Tanabe parvient à conjuguer l’esthétisme d’une Shonen avec l’atmosphère d’un Seinen. Elle a su cristalliser en Eishi toute la colère adolescente avec des cases chocs montrant son malaise dans son lycée. Chacun des protagonistes est charismatique notamment par son apparence, que la dessinatrice a soignée afin de les faire coller à leurs personnalités.
Le design des Birdmen est simple et efficace et les créatures en fin de tome renvoient aux Yokais de la mythologie japonaise, ce qui tranche avec l’aspect assez réel de l’album. La dessinatrice est à l’aise dans chaque registre.
Le découpage est assez statique et accompagne bien cette histoire de questionnement sur l’adolescence et sur les changements dont ces jeunes gens sont victimes. éanmoins certaines scènes d’action font preuve de dynamisme et permettent de bousculer un peu le lecteur.
Enfin, les environnements sont superbes et certaines grandes cases détaillent à merveille l’urgence ou la dangerosité d’une scène comme celle de l’accident de bus
Vega édition a de nouveau eu le nez fin avec ce Seinen prometteur qui nous embarque dans une histoire riche et profonde, portée par des personnages aux personnalités troubles et attachantes. Yellow Tanabe signe ici un Seinen différent qui saura séduire à la fois le lectorat adulte et adolescent.