
Indien blanc (L’) Critique de Vincent Lapalus
Nouveau cycle pour Jonas Crow (Lance Strikland de son vrai nom), le croque-mort du Far-West, ancien sniper de la Guerre de Sécession, reconvertit en embaumeur de défunts. Il parcourt les États-Unis pour cause professionnelle, mais se retrouve toujours dans des péripéties assez abracadabrantesques de par son métier aux pompes funèbres.
Il a enterré un patron de site d’extraction d’or, échappé à une horde de mineurs sur-exploités et enragés et affronté un tueur en série déguisé en médecin itinérant pour, au final, être abandonné par les charmantes demoiselles que sont Rose Prairie et Lin, respectivement ex-gouvernante et ex-domestique du patron de la mine, ses partenaires de galère sur les quatre premiers tomes. Une nouvelle mission lui est proposée par un ancien comparse à l’époque ou Jonas n’était encore qu’un petit malfrat. Le croque-mort se voit proposer par Sid, un ami de longue date, d’être payé gracieusement pour récupérer un corps en réserve indienne. Un travail périlleux, car Sid n’est autre que le futur beau-père du défunt, qui a promis à son épouse en devenir de retrouver la dépouille son fils adoré avant leur mariage.
Caleb fut enlevé par des Chiricahuas, torturé et réduit à l’état d’esclave des indiens. Une fois ce pauvre bougre abattu par un pistolero, c’est Jonas qui est envoyé pour ramener le corps en terre chrétienne. Mais tout ne se passe pas comme prévu et l’Undertaker est une fois de plus pris dans un douteux engrenage !
Caleb était-il vraiment prisonnier des amérindiens ? Que représentait pour lui Salvaje, la grande chef des derniers apaches du sud-ouest américain ? Que cache Sid à son vieil ami Jonas ? Nous devrons nous armer de patience pour avoir des réponses avec le tome 6.
Voici in bon début de troisième cycle, concocté par le scénariste Xavier Dorison. Pourtant friand du mélange de genre, Dorison est avec Undertaker justement dans un style purement classique à l’inverse du W.E.S.T. qu’il a pu pondre quelques années auparavant. Dans la veine du western traditionnel, Xavier Dorison se fend d’histoires à la fois sobres mais rondement menées avec des rebondissements à la pelle [3].
Il tient en haleine le lecteur avec ses scénarios à tiroirs, à la manière d’un grand feuilletoniste comme ont pu l’être Jean-Michel Charlier et Michel Greg sur des séries du même genre. Il n’épargne rien à son personnage principal : abandon, alcoolémie et surtout le repenti en digne héritier des grands conteurs d’histoires susmentionnés, suivant la digne succession dans le western dit classique mais pourtant très difficile à écrire. Dorison reste captivant et nous fait patienter tous les deux tomes pour un grand final cyclique. Affaire à suivre donc sans tomber dans la chute un peu trop facile ou la répétition...
Disons-le tout de suite, Ralph Meyer est dans la continuité de Jean Giraud. Grand maître du western, l’artiste respecte les codes du genre avec un travail de haute qualité avec un joli travail au pinceau, que se soit sur les personnages et leurs expressions, en plan large pour ses décors des contrées américaines ou serrés sur les visages, es tenues, les cadrages, la mise en page, la roche montagneuse empilée comme des matelas si chère au maestro Giraud ou encore la poussière, la neige et le panorama “ricain”. Un boulot impeccable qui flaire bon l’atmosphère de l’Ouest sauvage.
Le tout est rehaussé par les couleurs de Caroline Delabie, tantôt chaudes et désertiques, presque étouffantes. Tantôt froides, glaciales donc perçantes pour une participation ambiancée et fusionnelle avec le coup de crayon.
Undertaker est un bon titre à suivre, dans la lignée de Blueberry, Comanche ou Jim Cutlass pour les classiques ou du Bouncer et La Venin pour tout aussi intéressants mais plus récents.
A la revoyure cowboy.